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AGES − 24 − AGIN

AGEN, Aginnum, ch.-l. du dép. du Lot-et-Garonne, sur la r. dr. de la Garonne, à 610 kil. S. O. de Paris, à 714 kil. par chemin de fer ; 17 263 h. Évêché, cour d’appel, lycée. Belle cathédrale, beau pont-canal, promenade du Gravier. Grand commerce, serges renommées, teintureries pour ecarlate ; excellentes prunes. — Ancienne capitale des Nitiobriges ; ville prétorienne sous l’empire ; prise et reprise par les Goths, les Huns, les Alains, les Burgundes, les Sarrasins ; appartint successivement aux rois de France, aux ducs d’Aquitaine, aux rois d’Angleterre, aux comtes de Toulouse ; fut la capit. de l’Agénois et souffrit beaucoup au xvie siècle pendant les guerres de religion. Patrie de B. Palissy, J. J. Scaliger, de Lacépède et du poëte contemporain Jasmin.

AGENDICUM, la même v. qu’Agedincum.

AGÉNOIS, anc. prov. de Guyenne, entre le Périgord, le Quercy, le Condomois, la Lomagne et le Bazadais ; 80 kil. de long sur 40 de large. Pâturages, grains, beaucoup de vin. On y trouvait, outre Agen, qui en était le ch.-l., Villeneuve-d’Agen, Marmande, Aiguillon, Tonneins, Clérac, Duras, Lauzun. — Comté dès le ixe siècle, l’Agénois fut donné en apanage par Charles IX à sa sœur Marguerite et réuni à la couronne en 1592. Il fait auj. partie du dép. de Lot-et-Garonne.

AGÉNOR, roi de Phénicie vers 1560 av. J.-C., fut père de Cadmus et d’Europe.

AGES. Les poëtes de l’antiquité distinguaient 4 âges, dans lesquels les hommes allèrent sans cesse en empirant : 1o l’Age d’or, qui s’écoula immédiatement après la création de l’homme et lorsque Saturne régnait dans le ciel ; c’est un temps d’innocence, de justice, d’abondance et de bonheur ; la terre jouissait d’un printemps perpétuel, et les champs produisaient sans culture ; 2o l’Age d’argent, qui commença lorsque Saturne, chassé du ciel, vint chercher un refuge sur la terre, et que Jupiter lui eut succédé dans le ciel ; on éprouva les premières vicissitudes des saisons ; il devint nécessaire de cultiver la terre et de pratiquer les arts pour satisfaire aux besoins naissants ; les hommes commencèrent à déchoir de leur première innocence et à perdre une partie de leur bonheur ; 3o l’Age d’airain, qui commença lorsque Saturne eut quitté la terre ; cet âge est encore un mélange de bien et de mal, mais le mal commence à dominer, la propriété s’établit et avec elle naissent la rapine et la guerre ; 4o l’Age de fer, qui est signalé par le débordement de tous les excès et de tous les crimes ; la terre ferme son sein ; la déesse de la justice, Astrée, fuit épouvantée et retourne dans les cieux. On connaît les belles descriptions qu’Hésiode et Ovide ont données des quatre âges.

Les historiens divisent l’histoire en 3 grands âges : les Temps anciens, jusqu’à la chute de l’empire d’Occident, en 476 ; le Moyen âge, de 476 à la prise de Constantinople par les Turcs, en 1463, et les Temps modernes, depuis 1453 jusqu’à nos jours.

AGÉSANDRE, habile sculpteur de Rhodes, est auteur du beau groupe de Laocoon qui fut retrouvé sous Jules II, par Félix de Fredis, et que l’on admire comme un des chefs-d’œuvre de la statuaire antique. On n’est pas d’accord sur l’époque à laquelle vécut cet artiste ; les uns le rapportent à l’époque la plus brillante de la Grèce (ive siècle av. J.-C) ; les autres le placent sous les premiers empereurs romains. Pline l’Ancien, cite et décrit le Laocoon (Hist. Naturelle, liv. XXXVI, ch. vi).

AGÉSILAS, roi de Sparte, de la race des Proclides, fils d’Archidamus, monta sur le trône l’an 400 av. J.-C., à l’exclusion de son neveu Léotychide, qu’il fit déclarer bâtard. Il vainquit successivement les Perses, qu’il alla attaquer en Asie (395), et sur lesquels il conquit une partie de l’Asie-Mineure ; les Béotiens, les Argiens et les Athéniens, ligués contre lui, à Coronée (394). Il défendit la Laconie contre Epaminondas (369), mais fut battu par lui à Mantinée (363). A l’âge de 80 ans, il alla au secours de Tachos, roi d’Égypte, qui était en

guerre contra Artaxerce : il mourut en revenant de cette expédition, l’an 361. Agésilas était petit, boiteux et laid ; mais son courage et sa grandeur d’âme effacaient ses imperfections physiques. Cornélius Népos et Plutarque ont écrit sa Vie ; Xénophon a composé son Éloge.

AGÉSIPOLIS. Sparte eut 3 rois de ce nom, de la race des Agides. Le 1er, fils de Pausanias, lui succéda l’an 397 av. J.-C. Il remporta une grande victoire sur les Mantinéens, et mourut l’an 380. − Le 2e, fils de Cléombrote, ne régna qu’un an, 371. − Le 3e, étant encore très-jeune au moment de son avènement, l’an 219, fut mis sous la tutelle de Cléomène et de Lycurgue ; ce dernier lui ravit la couronne.

AGGÉE, un des 12 petits prophètes, revint de Babylone avec Zorobabel et prophétisa à Jérusalem vers 530 av. J.-C. Il encouragea les Juifs a rebâtir le temple, en prédisant que le second serait plus illustre que le premier.

AGGERSHUUS, grand gouvt de la Norwége, le plus étendu de tous, a pour bornes la Suède, le Drontheim et le Cattegat ; il est arrosé par la Drammen, et compte environ 500 000 hab. ; ch.-l. Christiania, capit. de toute la Norwége. Il tire son nom d’un château-fort, dit Aggershuus, situé au fond de la baie de Christiania, à 20 kil. N. de cette v., et qui a longtemps été le ch.-l. de la prov. Ce gouvt renferme de riches mines d’argent, de cuivre et de fer.

AGHABLY, v. du Sahara, capit. de l’oasis de Touat, par 27° 40′ lat., N. et 1° 30′ long. O., sur la route de Tripoli à Tombouctou.

AGHADÈS, v. du. Sahara, par 18° 40′ lat. N. et 11° 2′ long, E., capit. d’une oasis du même nom et de tout le roy. d’Asben, au S. de l’État de Tripoli, est plus grande que Tripoli même. Elle sert d’entrepôt pour le commerce de la partie orient. du désert. Elle compta jadis jusqu’à 50 000 hab. ; elle n’en a plus guère que 8 000. Elle appartient aux Touariks.

AGHMAT, v. du Maroc, à 50 kil. S. E. de Maroc, était la capit. des Almoravides, et fut prise en 1128 par les Almohades. Auj. fort déchue.

AGHRIM, vge. d’Irlande (Connaught), à 40 kil. E. de Galway. Les troupes de Jacques II y furent battues le 22 juillet 1691, par celles de Guillaume III. On nomme aussi cette bataille bataille de Kilkonnel, du nom d’un village voisin.

AGIDES ou eurysténides, nom d’une des deux branches royales qui régnaient conjointement à Sparte, tire son nom d’Agis, roi en 1060 av. J.-C. Elle était opposée à celle des Proclides ou Eurypontides. V. sparte.

AGILA, roi des Visigoths d’Espagne, 540-554, fut, après 5 ans de règne massacré par ses sujets, qu’il avait révoltés par sa tyrannie. Voy. athanagilde.

AGILOLFINGES, Ire dynastie des ducs de Bavière, ainsi nommés d’un guerrier bavarois, nommé Agilolf ou Agilulphe, qui secoua vers 530 le joug des Ostrogoths, et rendit la Bavière indépendante. Tassillon III fut le dernier des successeurs d’Agilolf. Charlemagne l’enferma dans un couvent et réunit la Bavière à son empire, 788.

AGILULPHE, duc de Turin, devint roi de Lombardie en 591, par son mariage avec Théodelinde, veuve du dernier roi, Autharis. Il fit la guerre avec succès contre plusieurs princes révoltés, contre le pape et l’emp. d’Orient Phocas, et prit Crémone, Mantoue et Padoue. Il m. en 615, après s’être fait catholiq. — Héros bavarois. Voy. agilolfinges.

AGINCOURT (seroux d’), antiquaire, archéologue et numismate, né en 1730, à Beauvais, mort en 1814, à Rome, fut fermier général sous Louis XV, et amassa une brillante fortune qu’il consacra tout entière à l’étude et à la culture des beaux-arts. Après avoir visité l’Angleterre, la Hollande, l’Allemagne, l’Italie, il se fixa à Rome en 1779, et s’y lia avec le cardinal Bernis et le chevalier d’Azara. Il y rédigea l’Histoire de l’Art par les Monuments depuis le ive siècle jusqu’au xvie (Paris, en 6 vol. in-fol., avec