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sermons et ses panégyriques des saints, prêcha devant le roi et la reine mère, et opéra parmi les Protestants un prend nombre de conversions, entre lesquelles on cite celles de Turenne, de Dangeau, de Mlle de Duras : c'est pour aider à ces conversions qu'il rédigea son Exposition de la doctrine de l'Église. En 1669, il fut fait évêque de Condom. Cette même année et les suivantes il prononça ces Oraisons funèbres dans lesquelles il fait sentir avec tant d'éloquence le néant des grandeurs humaines. En 1610, il fut nommé précepteur du Dauphin; il composa pour son royal élève, entre autres ouvrages, le Discours sur l'histoire universelle, dans lequel, après avoir présenté un résumé rapide des événements, il en cherche la raison dans les desseins de Dieu sur son Église; et le Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même, dans lequel il suit en général la doctrine de Descartes, et se montre aussi profond philosophe que grand écrivain. L'Académie s'empressa de l'admettre dans son sein (1671), et quand l'éducation du Dauphin fut terminée (1681), le roi le nomma à l'évêché de Meaux. Il se livra dès lors tout entier aux soins de l'épiscopat, fit de fréquentes prédications, rédigea le célèbre catéchisme connu sous le nom de Catéchisme de Meaux (1687), et composa pour des religieuses de son diocèse deux de ses plus beaux ouvrages, les Méditations sur l’Évangile et les Élévations sur les Mystères. Dans l'assemblée du clergé qui eut lieu en 1682 à l'occasion des démêlés entre le roi et le pape, Bossuet se montra un des plus zélés défenseurs des libertés gallicanes, et rédigea les quatre fameuses propositions qui ont donné lieu à de si vives discussions (V. ÉGLISE GALLICANE). Il s'occupait en même temps avec ardeur du soin de combattre et de convertir les Protestants, et rédigeait, pour les éclairer, l’Histoire des variations des églises protestantes (1688). En 1690, il travailla de concert avec Leibnitz à la réunion des églises catholique et luthérienne, et entretint à ce sujet, avec le philosophe allemand, une correspondance suivie; mais leurs efforts n'eurent aucun succès. Dans les dernières années de sa vie, Bossuet eut à combattre le quiétisme et les doctrines mystiques de Mme Guyon : il se trouva par là engagé dans une lutte fâcheuse avec Fénelon, qui penchait vers ces doctrines : il poursuivit son adversaire à la fois auprès du roi, qui disgracia et exila l'évêque de Cambray, et auprès du pape, qui condamna les Maximes des saints de ce prélat. On lui reproche d'avoir porté trop d'aigreur dans cette affaire. Bossuet conserva jusqu'à la fin toute la rigueur de son esprit, et mourut, à 77 ans, de la pierre. Outre les ouvrages que nous avons cités, il a composé une foule d'autres écrits soit dogmatiques, soit polémiques, dont quelques-uns, tels que la Logique, n'ont été publiés que depuis peu. Bossuet, qu'on a justement surnommé l’Aigle de Meaux, est à la fois le plus grand orateur et le plus grand écrivain de son temps. Ses Sermons, qui étaient restés longtemps inédits (ils n'ont paru qu'en 1772) et qui n'ont pas d'abord été appréciés à toute leur valeur, ne le cèdent pas à ses Oraisons funèbres. Cependant celles-ci sont encore aux yeux du plus grand nombre son principal titre de gloire : les plus admirées sont celles de la Reine d'Angleterre, du Grand Condé, de la duchesse d'Orléans. On a donné plusieurs éditions complètes de ses œuvres : la 1re est de 1743-53, Paris, 20 vol. in-4. Les plus récentes sont de 1815-19, Versailles, 43 vol. in-8; de 1825, Paris, 60 v. in-12; de 1828-30, 62 v. in-8, et de F. Lichat, 1862, etc. On en a fait plusieurs choix, Nîmes, 1785, 10 vol. in-8; Paris, 1821, 21 vol. in-8. Il a en outre paru une foule d'éditions de ses ouvrages détachés. La Vie de Bossuet a été écrite par M. de Bausset, 4v. in-8, Paris, 1814. Cette vie est complétée par les Études de M. Floquet (1856) et les Mémoires et Journal de l'abbé Le Dieu (1856-57, 4 volumes in-8). On a aussi plusieurs Éloges de ce grand homme, parmi lesquels on remarque ceux de MM. Saint-Marc-Girardin et Patin. On doit à l'abbé Vaillant des Études sur les Sermons de Bossuet, 1851, à M. Nourrisson (1851) et à M. Delondre (1855) de savantes thèses sur sa philosophie. — Bossuet avait un neveu, nommé aussi J. Bénigne Bossuet, qui fut évêque de Troyes, et auquel on doit la publication de plusieurs de ses manuscrits.

BOSSUT (l'abbé Charles), savant géomètre, membre de l'Académie des sciences, né en 1730, à Tartaras près de St-Étienne, mort en 1814, obtint de bonne heure par ses travaux la protection de Clairaut, de d'Alembert et de Camus, fut, par l'influence de ce dernier, nommé professeur à l'école du génie de Mézières, puis examinateur des élèves du génie (1786), ce qui le fixa à Paris; perdit cette place à la Révolution, mais fut replacé sous l'Empire. Outre un grand nombre de mémoires qui furent couronnés, on lui doit un Cours de mathématiques, rédigé d'une manière simple et populaire, qui eut beaucoup de vogue (1781), une édition de Pascal, et une Histoire générale des mathématiques, 1810, 2 vol. in-8, qui est son principal titre.

BOSTAN (EL-), Comana de Cappadoce, v. de la Turquie d'Asie (Marach), à 88 kil. N. E. de Marach; 9000 hab. ; 4 mosquées, dont l'une passe pour être l'ancien temple de Bellone.

BOSTANDJI, c.-à-d. jardinier, du mot turc bostan, potager; gardes du sérail qui ont pour fonctions particulières de surveiller les jardins et qui en outre servent de rameurs au Grand Seigneur quand il se promène sur le détroit. Leur chef, appelé bostandjibachi, tient le gouvernail.

BOSTON, v. et port d'Angleterre (Lincoln), à 44 kil. S. E. de Lincoln, près de l'emb. du Witham; 15 000 hab. Canaux. Belle église gothique de St-Botolph, qui a donné son nom à la ville (Botolph's-town) : la tour a 95m et sert de phare. Établissements d'instruction et de bienfaisance. Goudron, chanvre, bois de construction.

BOSTON, v. et port des État-Unis, ch.-l. de l’État de Massachussets, sur la baie de Massachussets, à l'emb. du Charles-River; 180 000 hab. Évêché catholique, port excellent, qui peut contenir 500 navires; 80 quais, 2 ponts en bois, l'un de 500m, l'autre de 1125, qui font communiquer Boston avec Cambridge et Charlestown. Chemins de fer, service de paquebots pour l'Angleterre. Place Franklin, palais, théâtre, hôtel de ville, salle de concerts, douane, nouveau marché, athénée, etc. Académie des sciences et arts, société historique de Massachussets, société de médecine, société linnéenne : bibliothèques, musées et riches collections; écoles élémentaires et supérieures. Industrie et commerce considérables : c'est la seconde place commerciale des États-Unis. Grande exportation de coton, de café, de sucre, de blé, de bois, de glace. Patrie de Franklin. — Boston fut fondée en 1630 par une colonie anglaise, composée principalement d'habitants de la Boston d'Angleterre. C'est à Boston qu'eurent lieu, en 1768, les premières luttes qui amenèrent l'indépendance des États-Unis : Washington s'empara de cette ville en 1776.

BOSTRA ou BOSRA, v. de Turquie d'Asie (Syrie), à 90 kil. S. de Damas, à 130 N. E. de Jérusalem. Jadis capitale de l'Idumée, elle devint sous Trajan la capitale de la province romaine d'Arabie. Depuis le règne de l'empereur Philippe, qui y était né, elle porta le titre de métropole. Elle fut ensuite siége d'un évêché, puis d'un archevêché. Ruinée en 1180 pendant les croisades, elle offre encore de magnifiques restes. Cette v. compta, à partir de l'an 105 de J.-C., les années d'après une ère particulière.

BOSWORTH, v. d'Angleterre (Leicester), à 20 k. O. de Leicester; 1200 hab. En 1485, Richard III, meurtrier des enfants d’Édouard IV, y fut battu et tué par Henri Tudor de Richmond, ce qui mit fin à la guerre des Deux-Roses et à la dynastie des Plantagenets, qui fut remplacée par les Tudors.

BOTAL ou BOTALLI (Léonard), médecin de Char-