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lateur du Parnasse. On l’a aussi surnommé le Poëte de la raison, ce qui a fait croire bien à tort qu’il manquait de sentiment et d’imagination. Quoique riche de son propre fonds, ce poëte a fréquemment imité Horace et Juvénal. Il a rendu d’immenses services à notre littérature, en dégoûtant son siècle des mauvais ouvrages qui étaient en vogue, en lui apprenant à goûter Corneille, Molière et Racine, et en offrant lui-même les plus beaux modèles de la poésie pure et parfaite. On a donné une foule d’éditions de ses œuvres. Les principales sont celles de Brossette, Amsterdam, 1718 ; de St-Marc, Paris, 1741 ; du Dauphin, 1789 ; de Daunou, 1809 et 1825 ; d’Auger, 1815 ; de St-Surin, 1821 ; de Berriat-St-Prix, 1830, 4 vol. in-8 ; de Gidel, 1869, 4 vol. in-8. Sa Correspondance avec Brossette n’a été publiée complétement qu’en 1858, par A. Laverdet.

boileau (Gilles), frère aîné du précéd., né à Paris en 1631, mort en 1669, occupait l’emploi lucratif de contrôleur de l’argenterie. Il traduisit du grec le Tableau de Cébès, 1653 ; le Manuel d’Épictète, 1655 ; Diogène Laërce, 1668, et fit quelques poésies qui eurent peu de succès. Il fut cependant de l’Académie française. Gilles était jaloux de son frère et ne vécut jamais en bonne intelligence avec lui.

boileau (Jacques), frère des préc., 1635-1716, docteur en Sorbonne, composa plusieurs écrits fort curieux sur la discipline de l’Église. Les plus connus sont : Historia confessionis auricularis, 1683, où il prouve la nécessité de la confession : Historia flagellantium, 1700, où il démontre l’abus de la flagellation ; et les Panégyriques des Saints, 1719. Plusieurs de ses écrits parurent sous le voile du pseudonyme.

boileau (Ét.), prévôt des marchands. V. boyleaux.

BOINDIN (Nic.), né à Paris en 1675, mort en 1751, était fils d’un procureur du roi au bureau des finances. Il entra d’abord dans les mousquetaires ; mais il en sortit bientôt pour se livrer tout entier à la littérature. Il se lia étroitement avec Saurin et Lamotte et composa plusieurs comédies en société avec ce dernier. Il fut admis à l’Académie des inscriptions en 1706, mais l’athéisme dont il faisait profession lui ferma les portes de l’Académie française. Maltraité dans les fameux couplets de 1710, attribués à J. B. Rousseau, il accusa Saurin et Lamotte, ses anciens amis, et rompit dès lors avec eux. Boindin avait la manie de disputer et de contredire : le café Procope était son champ de bataille habituel. Ses œuvres, publiées à Paris en 1753, 2 vol. in-12; contiennent des pièces de théâtre (les Trois Garçons; le Bal d’Auteuil; le Port de mer, etc.), des Dissertations académiques, parmi lesquelles on remarque la dissertation Sur les sons de la langue française, et un Mémoire sur sa propre vie et sur ses ouvrages.

BOINEBOURG (J. Christ. de), conseiller intime de l’électeur de Mayence, né à Eisenach en 1622, m. en 1672, tirait son nom d’un château de la Hesse appartenant à sa famille. Il acquit par sa haute capacité diplomatique une grande influence en Allemagne. Il fut le premier protecteur de Leibnitz, qu’il prit pour secrétaire. On a de lui un grand nombre de lettres, dans le Commercium epistolicum Leibnitianum de Gruber, 1745, qui prouvent sa vaste instruction. — Son fils, Phil. Guill., gouverneur d’Erfurdt fonda dans cette ville une chaire d’histoire et de politique.

BOINVILLIERS (J. Étien.), grammairien, né à Versailles en 1764, mort en 1830, fut professeur à Beauvais, censeur aux lycées de Rouen et d’Orléans, inspecteur de l’Académie de Douai et correspondant de l’Institut. Il a publié un grand nombre de livres classiques, tels que Dictionnaires, Grammaires françaises, Grammaire latine, Cacographie, et des trad. estimées d’auteurs latins. — Son fils, Ernest Boinvilliers, né en 1799, a été un de nos avocats les plus distingués et est auj. conseiller d’État.

BOIOARII, nom latin des Bavarois, qu’on prétend avoir été originairement les Boii du Boïohemum, forcés de fuir ce pays devant les Marcomans.

BOIODURUM, v. de Norique, est auj. Innstadt.

BOIOHEMUM, nom latin de la Bohême.

BOISARD (J. F. M.), fécond fabuliste, né à Caen en 1743, m. dans la même ville en 1831, était avant 1789 secrétaire de Monsieur (Louis XVIII); il perdit tout à la Révolution. Il a fait plus de 1000 fables (publiées en divers recueils de 1773 à 1805), qui lui assurent un rang honorable parmi les fabulistes du second ordre : la plupart des sujets sont de son invention ; la narration est simple, facile et naïve. Souvent l’auteur n’exprime pas la moralité de ses fables, ce qui les rend quelquefois obscures. - Son neveu, J. F. Boisard, peintre et poëte, né à Caen vers 1762, a publié aussi des Fables (1817 et 1822), mais il est resté fort au-dessous de lui.

BOIS-BELLE. V. henrichemont.

BOIS-D’OINGT, ch.-l. de canton (Rhône), à l4 k. S.O. de Villefranche ; 758 hab.

BOISGELIN de cucé (Jean de Dieu Raimond de), archevêque, né à Rennes en 1732, mort en 1804, fut d’abord évêque de Lavaur, puis archevêque d’Aix (1770), se signala par sa charité lors d’une disette dont Aix eut à souffrir, et créa dans son diocèse plusieurs institutions utiles ; fut élu en 1787 membre de l’Assemblée des notables, en 1789 député du clergé aux États généraux, vota l’abolition des privilèges et l’égale répartition de l’impôt, présida l’assemblée en 1790, et proposa de la part du clergé un sacrifice de 400 millions, mais combattit de tout son pouvoir, par ses écrits comme par ses discours, la constitution civile du clergé, et émigra quand elle eut été promulguée. Il fut, après le Concordat, nommé archevêque de Tours et enfin cardinal. Il cultivait les lettres avec succès. Outre quelques écrits de circonstance, on lui doit une trad. en vers des Héroïdes d’Ovide (1786), le Psalmiste, traduction des psaumes (1799), et des Oraisons funèbres de Stanislas, du Dauphin, fils de Louis XV, etc., qui se distinguent par une éloquence simple et touchante. Il avait été admis dès 1776 à l’Académie française. — Son frère, Louis de Boisgelin, 1758-1816, émigra, séjourna quelques temps à Malte et publia à Londres, en 1804, sous le titre d’Ancient and modern Malta, 3 vol. in-8, une histoire estimée de l’île, trad. par Fortia de Piles, Paris, 1809. On lui doit aussi la continuation des Révolutions de Portugal, de Vertot.

BOIS-GUILLEBERT (P. le pesant, sieur de), magistrat et écrivain français du xviie, m. en 1714, était cousin de Vauban et remplit les fonctions de lieutenant général au bailliage de Rouen. C’est un de nos plus anciens économistes : il publia en 1695 le Détail de la France sous Louis XIV (réimprimé en 1712 sous le titre de Testament politique de Vauban), et en 1707 le Factum de la France. Ces deux ouvrages, où il proposait d’utiles réformes, n’aboutirent qu’à le faire exiler (on les trouve dans les Économistes français de Dain, 1843). On lui doit en outre des trad. françaises de Dion Cassius, 1674, et d’Hérodien, 1675.

BOIS-LE-DUC, Sylva ducis, S’ Hertogen Bosch en hollandais, v. forte de Hollande ch.-l. du Brabant septent., à 80 kil. S.E. d’Amsterdam, sur le Dommel et l’Aa ; 22 000 hab. Anc. évêché catholique, rétabli en 1853. Ville bien bâtie, entrecoupée de canaux que l’on peut passer sur 20 ponts. Belle église de St-Jean, hôtel de ville, hôtel du gouverneur, etc. Plusieurs établissements philanthropiques. Industrie (instruments de musique, épingles, toiles de Hollande) : commerce de transit très-actif. Patrie du philosophe ’S Gravesande. — Fondée en 1184, occupée par les Français de 1794 à 1814.

BOISMONT (Nicolas thyrel de), prédicateur du roi, né près de Rouen en 1715, m. en 1786, se fit connaître par des sermons et des panégyriques où l’on trouve des passages éloquents, et fut admis à l’Académie française en 1755. Le sermon qui lui fit le plus d’honneur est celui qu’il prononça en 1782, dans une assemblée de charité, dans le but de favoriser l’établissement d’un hospice pour les militaires et les