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avant l’occupation française un bey de Titterie, un bey d’Oran et un bey de Constantine, qui étaient soumis au dey.

BEGARD, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), à 13 k. N. O. de Guingamp ; 482 hab. Anc. abbaye.

BEGARDS (de beg, prier, mendier ?), hérétiques qui se répandirent au XIIe siècle en France et en Allemagne, surtout sur les bords du Rhin. Ils enseignaient que Dieu est tout, qu’il n’y a aucune différence entre Dieu et la créature, que la destinée de l’homme est de s’unir à Dieu, que par cette union l’homme devient Dieu lui-même ; que dès lors il est au-dessus des prescriptions de la loi humaine ou de la loi divine. Ces erreurs, qu’on retrouve chez les Turlupins et chez les mystiques allemands du XIVe s., Eckart, Tauler, Suso, Ruysorock, paraissent se rattacher aux doctrines orientales, accueillies et propagées par Jean Scott Érigène. Elles furent condamnées en 1311 par le concile de Vienne.

BEG-CHEHER, ch.-l. d’un livah de même nom (Turquie d’Asie), à 93 kil. S. O. de Konieh, sur le bord O. du lac Beg-Cheher, qui a 48 kil. de tour.

BEGER (Laurent), archéologue, né en 1653 à Heidelberg, mort à Berlin en 1705, bibliothécaire de Frédéric-Guillaume, électeur de Brandebourg, a publié, entre autres savants ouvrages : Bellum trojanum, 1679 (d’après la Table iliaque) ; Spicilegium antiquitatis, Heidelberg, 1692 ; Thesaurus ex thesauro Palatino selectus, seu Gemmæ, Heidelberg, 1685 ; Thesaurus Brandenburgicus, 1696 et 1701 ; Numismata pontificum romanorum, 1703 ; Regum et imperatorum romanorum Numismata, 1710, etc.

BEGLERBEG, c.-à-d. beg des begs, titre sous lequel on désigne en Turquie les gouverneurs généraux des provinces. Ce sont des pachas à trois queues ; ils ont sous leur dépendance les gouverneurs des livahs ou sandjakats, qui ne sont que pachas à deux queues ou à une seule queue.

BÉGUELIN (Nicolas de), physicien, né en 1714 à Courtelary près de Bienne en Suisse, mort à Berlin en 1789, étudia sous Bernouilli, fut professeur au collége de Joachimstahl, puis sous-précepteur de Frédéric-Guillaume, qui fut roi de Prusse, et devint membre, puis directeur de l’Académie de Berlin. Outre de savants mémoires sur des questions de physique et de philosophie, lus à l’Académie de Berlin, on a de lui un poëme de Wilhelmine ou la Révolution de Hollande, Berlin, 1787. — V. WEGELIN.

BEGUILLET (Edme), avocat et notaire à Dijon, mort en 1786, s’est surtout occupé d’agriculture. On a de lui : Principes de la végétation et de l’agriculture, 1769 ; Œnologie ou Traité de la vigne et des vins, 1770 ; De la connaissance des grains, 1775 ; et une Hist. des guerres des deux Bourgognes, 1772.

BÉGUINES. On donnait ce nom à des filles ou veuves qui, sans faire de vœux, se réunissaient pour vivre dans la dévotion. Ces communautés, qui remontent au XIIe siècle, ont été ainsi nommées, suivant Moréri, de Lambert Begg ou Le Bègue, prêtre liégeois, qui les aurait fondées en 1170 ; suivant d’autres, de Ste Bègue ou Begga, sœur de Ste Gertrude, qui aurait fondé la communauté dès 692. On a fait enfin dériver ce nom du vieil allemand beggen, demander, prier. Il y a encore en Allemagne, et surtout en Belgique, des maisons appelées béguinages, où vivent ces religieuses. Les Béguines furent supprimées en France par Louis XI, et remplacées, pour les soins à donner aux malades, par des sœurs du tiers ordre de St-François, auxquelles le vulgaire appliqua aussi le nom de Béguines.

BÉGUM, titre donné dans l’Indoustan à l’épouse favorite du sultan, équivaut à celui de reine. On a vu des Begums commander des armées.

BEHADER ou BEHADOUR-KHAN, sultan de la dynastie mogole, descendant de Gengis-Khan, né en 1292, mort en 1335, monta sur le trône de Perse en 1317. Il se laissa gouverner par ses femmes et ses favoris ; cependant, il combattit les Usbeks. En lui finit la dynastie mogole en Perse. — BEHADER-CHAH, fils d'Aureng-Zeyb, régna sur les Mogols de 1707 à 1712. Il eut continuellement à se défendre contre ses frères ; à la faveur de ces dissensions, les Mahrattes, les Radjepoutes, les Sikes, etc., envahirent l’empire et commencèrent à l’ébranler. — HUSSEIN. V. HUSSEIN.

BEHAIM (Marin), cosmographe et navigateur, né à Nuremberg en 1436, mort en 1506, était d’abord négociant. Il se mit au service du Portugal, et accompagna en 1484 et 1485 Diego Cam, qui faisait un voyage de découvertes autour de l’Afrique. De retour à Nuremberg (1492), il fit un globe terrestre qui représentait l’état des connaissances à cette époque. De Murr a donné la description du globe de Behaim (trad. en franç. par Jansen, à la suite du voyage de Pigafetta, Paris, 1802). Ghillany, de Nuremberg, a donné sa Vie, Leips., 1853. On a prétendu, mais à tort, que Behaim avait eu connaissance du Nouveau-Monde avant Colomb.

BEHAR, prov. de l’Inde. V. BAHAR.

BÉHÉMOTH, animal mystérieux dont parle Job (XL, 10), est, selon les Pères, le symbole du démon et du mal : les uns en font un taureau énorme, les autres un hippopotame ou un rhinocéros. Les rabbins prétendent que le Béhémoth est réservé pour le festin des élus, qui aura lieu à la fin du monde.

BEHN (Aphara), femme poëte, née à Cantorbéry vers 1640, morte en 1689, suivit son père à Surinam, où il se rendait en qualité de gouverneur, et inspira une vive passion à un prince indigène nommé Oronoko, dont elle raconta depuis les aventures dans un roman qui porte ce nom. De retour en Angleterre, elle épousa un négociant hollandais nommé Behn ; dans un séjour qu’elle fit à Anvers, elle découvrit le projet formé par les Hollandais de brûler la flotte anglaise dans la Tamise et elle le révéla, mais sans être écoutée. Elle finit par se fixer à Londres, où elle cultiva la poésie et travailla pour le théâtre. Elle prenait le nom d’Astrée dans ses compositions poétiques. On lui reproche une grande licence dans ses écrits comme dans sa conduite. Son Théâtre, publié à Londres, obtint plusieurs éditions,

BÉHOBIE, village frontière de France (B.-Pyrénées), commune d’Urrugne, près de la Bidassoa ; 200 hab. C’est un des ports (passages) de France en Espagne.

BEHRING (Vital), navigateur danois, au service de la Russie, né dans le Jutland en 1680. Chargé par Pierre le Grand en 1725 d’un voyage de découvertes sur les côtes de Kamtchatka (1728), il découvrit le détroit qui porte son nom, et s’assura ainsi que l’Asie et l’Amérique forment deux continents séparés. Il entreprit en 1741 une nouvelle expédition, et mourut près des côtes du Kamtchatka, dans une petite île qui a reçu son nom.

BEHRING (détroit de), à l’extrémité N. E. de l’Asie, sépare ce continent de l’Amérique, et joint l’Océan Glacial arctique à l’Océan Pacifique ; il a 88 k. de large. Découvert en 1728 par Behring. — On appelle mer de BEHRING la partie de l’Océan Pacifique qui s’étend entre le Kamtchatka à l’O., l’Amérique à l’E. et les îles Aléoutes au S. ; 2600 kil. de long. — L'île de BEHRING est dans l’Océan Glacial arctique, par 162° 30' — 164° long. O., 54° 4' — 55° 38' lat. N. Env. 120 kil. de long, et 40 de large ; stérile et déserte.

BEINE, ch.-l. de cant. (Marne), à 12 kil. E. de Reims ; 1089 hab. Filatures de laine, draps.

BEIRA, prov. du Portugal, bornée à l’O. par l’Atlantique, à l’E. par l’Espagne, au N. par les prov. portugaises de Tra-Douro-le-Minho, Tras-os-Montes, au S. par l’Alentejo et l’Estramadure portugaise ; 240 kil. sur 135 ; 1 200 000 hab. ; capit., Coïmbre. Riv., le Tage, le Douro, la Vouga, le Mondego. Salines importantes. Sol fertile ; bons fruits.

BEIRAKTAR (Mustapha), grand vizir de Turquie en 1808, voulut introduire dans l’armée turque l’organisation et la discipline européenne, ce qui donna lieu à une insurrection terrible. Se voyant au mo-