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plus jolies filles; leur costume est riche et voluptueux; leur danse, souple et gracieuse, peint le plus souvent la passion de l'amour. Dans l'opinion du pays, leur état n'a rien de déshonorant. Cependant la plupart mènent une vie licencieuse.

BAYAN-KARA, chaîne de mont. de l'empire chinois, fait partie du grand massif du Kouen-Lun; elle commence sous 94° 30' long. E., 35° lat. N., court au S. E., sépare les sources du Hoang-ho de celles du Mouroui-Oussou, se joint vers l'E. aux mont. Neigeuses, et se lie aux monts du Thibet oriental.

BAYARD (Pierre DU TERRAIL, seigneur de), surnommé le Chevalier sans peur et sans reproche, né en 1476 au château de Bayard (près d'Allevard, Isère), réunit en lui les vertus qu'on admire séparément dans les héros de l'antiquité. Il commença à se signaler sous Charles VIII, à la bataille de Fornoue (1495). Sous Louis XII, il contribua puissamment à la conquête du Milanais (1499), et tua en combat singulier le capitaine espagnol Alonzo de Sotomayor. Il se signala également dans le royaume de Naples pendant la guerre contre les Espagnols (1503) : comme Horatius Coclès, il défendit seul contre les ennemis le pont du Garigliano, ce qui lui fit donner cette devise : Vires agminis unus habet. Il comprima en 1507 la révolte de Gênes, prit la part la plus glorieuse à la victoire d'Agnadel (1509), puis concourut avec succès à la guerre contre le Pape Jules II; mais, non moins loyal que Fabricius, il repoussa avec indignation les propositions d'un traître qui lui offrait d'empoisonner son ennemi. Blessé à la prise de Brescia, il n'en sauva pas moins l'honneur d'une famille qui allait être livrée à la brutalité du soldat, et n'accepta un don de 2500 ducats que pour les partager entre deux jeunes filles dont il venait de protéger la vertu. Sous François I, il fit de nouveau la guerre en Italie et prit à Villafranca, en 1515, un des généraux ennemis, Prosper Colonna. Quelques jours après, à Marignan, placé à côté du roi, il fit des prodiges de valeur et décida la victoire (1515) : pour lui témoigner sa haute estime, François I voulut être armé par lui chevalier. En 1521, il sauva Mézières, assiégée par une armée de Charles-Quint. Chargé, quelques années agrès, de ramener une armée qu'avait compromise l'impéritie de Bonnivet, il éprouva un échec à Rebec, mais il sauva l'armée en lui faisant passer la Sésia à Romagnano, en présence des Espagnols, quoique ceux-ci fussent bien supérieurs en force; étant resté le dernier pour couvrir la retraite, il reçut une blessure dont il mourut peu d'instants après (1524). Quoique expirant, il exigea qu'on le plaçât en face de l'ennemi, ne voulant pas, disait-il, lui tourner le dos pour la première fois. Le connétable de Bourbon, qui servait dans les rangs des Espagnols, voyant Bayard à ses derniers moments, déplorait son sort : « Ce n'est pas moi qu'il faut plaindre, lui dit le héros, mais vous, qui combattez contre votre roi et votre patrie. » La Vie de Bayard a été écrite par S. Champier, 1525; par son secrétaire, dit le Loyal Serviteur, 1527; par Guyard de Berville, 1760; P. Cohen, 1821, et autres.

BAYARD (J. Franç.), auteur dramatique, né en 1796, à Charolles (Saône-et-Loire), mort en 1853, fit de brillantes études à Ste-Barbe, et vécut dans une étroite intimité avec Scribe, dont il fut souvent le collaborateur et dont il épousa la nièce. Composant avec une extrême facilité, il donna aux divers théâtres, soit seul, soit en collaboration, une foule de pièces dont la plupart eurent la vogue. C'étaient le plus souvent des vaudevilles; cependant il aborda aussi avec succès le drame et même la haute comédie. Le nombre de ses pièces s'élève à plus de 200. On remarque dans le nombre : la Belle-Mère, Christine ou la Reine de seize ans, les Fées de Paris, Marie Mignot, les Enfants de troupe, les Premières armes de Richelieu, la Manie des places, la Fille de l'avare, Mathilde ou la jalousie, le Gamin de Paris, et, dans un genre plus élevé : Roman à vendre, un Ménage parisien, un Château de cartes, comédies en vers, enfin, le Mariage à la campagne, son chef-d’œuvre. Il venait d'achever le Fils de famille, lorsqu'il fut enlevé subitement à la fin d'une fête qu'il donnait. Bayard était de l'école de Dancourt et de Picard, un peu grivois, mais plein d'esprit, de gaieté, de verve, d'entrain; bien peu d'auteurs ont possédé à un aussi haut degré le talent de l'invention, l'entente du théâtre et toutes les ressources de l'art dramatique. MM. Hachette ont publié son Théâtre choisi, 12 vol. in-12, 1855-1858.

BAYARD, cheval fameux. V. AYMON.

BAYAZID, v. de la Turquie d'Asie (Arménie), à 240 kil. E. d'Erzeroum et 50 kil. S. O. du mont Ararat; 4000 hab. Jadis beaucoup plus peuplée. Citadelle, beau monastère. Commerce assez actif avec la Géorgie et la Perse. La ville fut fondée par Bajazet I, dont elle reçut le nom. Prise par les Russes en 1828.

BAYEN (Pierre), pharmacien et chimiste, né à Châlons-sur-Marne en 1725, mort en 1798, suivit en 1755, comme pharmacien en chef, l'expédition de Minorque, puis passa à l'armée d'Allemagne pendant la guerre de Sept ans, et y rendit les plus grands services en créant pour ainsi dire la pharmacie militaire. Il analysa les eaux minérales de la France, découvrit la propriété fulminante du mercure, reconnut avant Lavoisier que, dans la combustion, les minéraux enlèvent à l'air un de ses principes, et fit plusieurs autres observations importantes, consignées dans ses Opuscules chimiques, Paris, 1798.

BAYER (J.), astronome, né à Augsbourg au XVIe s., publia en 1603 à Augsbourg, sous le titre d’Uranometria, un recueil de 51 cartes sidérales, longtemps estimé, qui a été reproduit en 1627 sous le titre de Cœlum stellarum christianum.

BAYER (Théoph. Sigefroy), antiquaire et orientaliste, né à Kœnigsberg en 1694, mort en 1738, occupa une chaire d'antiquités grecques et romaines à Pétersbourg. On a dit de lui : Museum sinicum, Pétersbourg, 1730 ; Historia osrhoena et edessana nummis illustrata, 1734; Hist. regni Bactriani, 1738, et un grand nombre de savants mémoires, dans les actes de l'Académie de Pétersbourg.

BAYEUX, Aregenus ou plutôt Augustodurus, Civ. Baiocassum, ch.-l. d'arr. (Calvados), sur l'Aure, à 28 k. O. N. O. de Caen, à 269 k. de Paris ; 8562 h. Évêché, tribunal, collége. Belle cathédrale gothique, place St-Patrice, hôtel de ville, bibliothèque. Industrie active : dentelles, tulles, blondes, toiles, etc.; grand commerce de bétail, de volailles, de beurre. — Les Druides avaient à Bayeux une école célèbre au mont Phaunus. Cette ville fut au moyen âge la capit. du Pays Bessin; les ducs de Normandie y résidaient quelquefois. On y conserve la célèbre tapisserie attribuée à la reine Mathilde, qui y aurait retracé la conquête de l'Angleterre par Guillaume, son mari. Bayeux a vu naître les deux Chartier, l'abbé Pluquet, le maréchal de Coigny, etc.

BAYLE (Pierre), célèbre écrivain français, né en 1647, au Carlat, dans le comté de Foix, m. en 1706, fut élevé dans le Protestantisme, que des jésuites lui firent abjurer dans sa jeunesse, mais auquel il retourna bientôt. Après avoir été quelques années précepteur, il obtint au concours une chaire de philosophie à Sedan, et l'occupa avec distinction jusqu'à la suppression des universités protestantes, en 1681; il fut alors appelé à Rotterdam pour y remplir une chaire semblable. Il publia cette même année ses Pensées sur la comète, 1681, dans lesquelles, à l'occasion d'un de ces météores qui venait de paraître, il attaqua le préjugé vulgaire qui y voyait un présage effrayant. Il fit paraître peu après une Critique de l'histoire du Calvinisme du P. Maimbourg, qui éclipsa le livre donné sur le même sujet par Jurieu. Il fonda en 1684 les Nouvelles de la république des lettres, qui obtinrent dans toute l'Europe un rapide succès. Lors de la révocation de l'édit de Nantes, il combattit dans ses écrits l'intolérance de Louis XIV;