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sence occasionna de tels désordres que le Sénat fut obligé d’en défendre la célébration (186 av. J.-C.) ; mais la loi ne fut que peu de temps en vigueur, et, sous l’empire, les Bacchanales furent célébrées de nouveau avec plus de licence que jamais.

BACCHANTES, femmes qui célébraient les mystères de Bacchus. Les premières qui portèrent ce nom furent les nymphes nourrices de Bacchus, qui le suivirent à la conquête des Indes. Les Bacchantes couraient çà et là, échevelées, à demi nues ou couvertes de peaux de tigres, la tête couronnée de lierre ou de pampres et le thyrse à la main. Elles répétaient fréquemment le cri évoé (courage, mon fils), comme pour rappeler les triomphes de Bacchus sur les Géants. Euripide a donné le titre de Bacchantes à une tragédie qui a pour sujet le supplice de Penthée, déchiré par les prêtresses de Bacchus pour s’être opposé à l’introduction de leur culte.

BACCHIADES, famille puissante de Corinthe, descendait d’Hercule par Bacchis, fils de Prumnis, qui régnait sur Corinthe vers 986 av. J.-C. Cette famille gouverna la ville pendant 9 générations. Elle fut dépouillée de l’autorité par Cypsélus, 657 av. J.-C.

BACCHIDÈS, général de Démétrius Soter, roi de Syrie, et gouverneur de la Mésopotamie, vint en Judée pour y rétablir le grand pontife, eut à combattre Judas Machabée, qui ne craignit pas de l’attaquer avec des forces très-inférieures (il n’avait que 800 hommes), et qui périt dans le combat, mais fut bientôt après contraint lui-même par Jonathas Machabée d’abandonner la Judée.

BACCHIGLIONE, Medoacus minor, riv. de la Vénétie, passe à Vicence, à Padoue, et là se divise en deux bras, dont l’un se jette dans la Brenta, et l’autre dans le golfe Adriatique. De 1806 à 1814, cette riv. donna son nom à un dép. du roy. d’Italie qui avait pour ch.-l. Vicence.

BACCHUS, dieu du vin, fils de Jupiter et de Sémélé, princesse thébaine. Sa mère ayant péri pendant qu’elle le portait dans son sein, Jupiter fit retirer de son corps Bacchus par Vulcain, le plaça dans sa cuisse, et l’y garda le reste des neuf mois. Dès qu’il fut né, il fut mis entre les mains d’Ino, sa tante, qui l’éleva sur le mont Nysa (dans l’Inde), avec le secours des Nymphes, jusqu’à ce qu’il fût en âge d’être instruit par les Muses et par Silène. Dans son enfance, il triompha de tous les dangers auxquels Junon, jalouse de sa mère, l’exposait continuellement. Devenu grand, il fit la conquête des Indes avec une armée d’hommes et de femmes portant, au lieu d’armes, des thyrses chargés de raisins et des tambours ; puis il alla en Égypte, où il enseigna l’agriculture et planta la vigne. D’Égypte il vint en Phrygie, où il fut initié aux mystères de la mère des dieux. Dans la guerre des dieux contre les Titans, il se transforma en lion, et fit des merveilles, animé par Jupiter, qui lui criait sans cesse : Évoé, c.-à-d. courage, mon fils ! Bacchus punit sévèrement tous ceux qui voulurent s’opposer à l’établissement de son culte (V. pentée, minéides et lycurgue de Thrace). Ce dieu se livra peu aux plaisirs de l’amour ; cependant il épousa Ariane, que Thésée avait abandonnée dans l’île de Naxos. — On le représente avec des cornes, symbole de force et de puissance, couronné de pampres, de lierre ou de figuier, sous les traits d’un jeune homme riant et sans barbe, tenant d’une main des grappes de raisin, ou une corne dont il se sert comme de coupe, et de l’autre un thyrse avec lequel il fait jaillir des sources de vin. Il est assis tantôt sur un tonneau, tantôt sur un char traîné par des tigres, des lions et des panthères, et est suivi des Bacchantes. Les anciens donnaient à ce dieu un grand nombre de noms divers : Dionysus, Iacchus, Liber, Lyœus, etc. Son culte, venu de l’Orient, descendit en Grèce par la Thrace, et ne pénétra qu’assez tard à Rome, où le Sénat tenta vainement de combattre les désordres auxquels il donnait lieu (V. bacchanales). — On attribue à Bacchus des aventures si nombreuses et si contradictoires qu’il est probable qu’il y eut plusieurs personnages de ce nom : Cicéron en compte cinq. — Quelques-uns ont pensé que Bacchus est le même que le Brahma des Indiens.

BACCHYLIDES, poëte lyrique grec, de l’île de Céos, florissait vers 470 av. J.-C., sous Hiéron, roi de Syracuse. Il était neveu de Simonide et oncle d’Eschyle. Il avait composé, dans le dialecte dorien, de nombreuses poésies, odes, hymnes, épigrammes, fort goûtées des anciens. Il n’en subsiste que quelques fragments, recueillis par Brunck, dans ses Analecta græca. Ils ont été publiés à part, avec traduction latine, à Berlin par E. F. Neue, 1823, et trad. en français par Ernest Falconet, dans les Poëtes grecs du Panthéon littéraire, 1838.

BACCIO della porta, connu aussi sous le nom de Fra Bartolomeo di San Marco, peintre toscan, né en 1469 à Savignano mort en 1517. Il avait déjà obtenu de grands succès dans son art, lorsrqu’entraîné par les prédications de Savonarole, il quitta le pinceau pour se faire religieux. Il prit en 1500 l’habit de S. Dominique dans le couvent de St-Marc à Florence, et il ne consacra plus son talent qu’à des sujets religieux. On estime surtout son S. Marc et son S. Sébastien. Précurseur de Raphaël, il excella dans le coloris et le relief et dans l’art de draper. Il est le premier qui ait fait usage du mannequin à ressort.

baccio da monte lupo, sculpteur distingué, né à Florence vers 1445, mort vers l’an 1533. Il fit à Lucques et à Florence un grand nombre d’ouvrages de sculpture et d’architecture, surtout des crucifix en bois et en marbre. — Raphaël Baccio, son fils, travaillait la cire, la terre, le marbre et le bronze. Il fut occupé pour la Santa Casa de Lorette, pour St-Pierre de Rome, et pour la bibliothèque de St-Laurent à Florence. Il a élevé le tombeau de Léon X dans l’église Ste-Marie de la Minerve à Rome. — V. agnolo.

BACCIOCCHI. V. baciocchi.

BACH, famille de musiciens, connue dès le xvie s., et qui, dans le cours de 200 ans, a donné à l’Allemagne plus de 50 artistes. Le plus célèbre est Jean-Sébastien Bach, organiste et compositeur, né en 1685 à Eisenach, mort en 1750 à Leipsick, qui fut successivement musicien de la cour de Weimar, 1703, organiste à Mulhausen 1707, maître de chapelle du prince d’Anhalt-Cœthen, 1731, compositeur de l’électeur de Saxe roi de Pologne, 1737, et passa la majeure partie de sa vie à Leipsick. Doué d’un prodigieux talent d’exécution sur l’orgue, il surpassa tous ses rivaux. Il a laissé un très-grand nombre de compositions, qui se distinguent par l’élévation du style, par l’originalité, et par une, surprenante richesse de mélodies et d’effets. Sébastien eut 11 fils, tous distingués dans leur art : l’un d’eux, Jean Christian, 1735-1782, organiste à Milan, puis maître de chapelle de la reine d’Angleterre, a laissé, outre une foule de compositions instrumentales plusieurs opéras, entre autres Amadis de Gaule. L’histoire de cette famille semble prouver l’hérédité de certains talents.

BACH (Aug.), professeur de jurisprudence à l’Université de Leipsick, né en 1721 à Hohendorp en Misnie, mort en 1759, est auteur d’une Histoire de la jurisprudence romaine en latin, 1756, et a donné de bonnes édit. de divers ouvrages de Xénophon.

BACHARACH, v. des États prussiens (Prov. rhénane), sur la r. g. du Rhin, à 40 kil. S. E. de Coblentz ; 1600 hab. Anc. château des comtes palatins. Carrières d’ardoise, bon vin. La v. doit sen nom à une roche chargée d’inscriptions qu’on voit aux environs et qui est connue sous le nom de Bacchi Ara.

BACHAUMONT (Fr. le coigneux de), poëte français, né à Paris en 1624, mort en 1702, était fils d’un président à mortier, et fut lui-même conseiller-clerc au parlement de Paris. Il figura dans le parti de la Fronde et fut même, dit-on, l’auteur du nom par lequel on désigne ce parti. Après les troubles, il se retira des affaires, et se livra tout entier au plaisir et aux lettres. Ami de Chapelle, il fit avec lui ce gai