Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

teur, puis roi de Saxe, succéda en 1763 à son père, Frédéric-Christian, refusa en 1791 le trône de Pologne qui lui était offert et resta neutre autant qu'il le put pendant les guerres de la Révolution. Napoléon érigea son duché en royaume (1806), et augmenta ses États du grand-duché de Varsovie (1807). Il fut un des plus fidèles alliés de l'Empereur dans ses guerres contre la Prusse et la Russie. Pour le punir de sa fidélité, les alliés le traitèrent en 1813 comme prisonnier de guerre et lui enlevèrent en 1815 le duché de Varsovie, ainsi qu'une partie de ses États héréditaires; ce fut à grand'peine qu'il put conserver son trône. Il mourut en 1827, regretté de ses sujets.

AUGUSTE IV (Frédéric-), II comme roi, neveu du préc., né en 1797, mort en 1854, succéda en 1836 à son oncle Antoine. Associé depuis plusieurs années au gouvernement, il avait eu la plus grande part à la constitution libérale de 1831. Il eut un règne paisible, conjura l'orage en 1848 par quelques concessions nouvelles et put se livrer à loisir à ses goûts studieux : il aimait surtout la botanique. Il eut pour successeur son frère le prince Jean, auj. régnant.

AUGUSTE DE BRUNSWICK. V. BRUNSWICK.

AUGUSTE (HISTOIRE), recueil des vies des empereurs romains qui régnèrent depuis Adrien jusqu'à Dioclétien (117-284). Ce recueil est attribué aux six auteurs suivants : Ælianus Spartianus, Julius Capitolinus, Vulcatius Gallicanus, Ælius Lampridius, Trebellius Pollio et Flavius Vopiscus. Les meilleures éditions de l’Histoire Auguste sont celle de Saumaise avec notes de Casaubon, Paris, 1620, in-fol., et l'édit. Variorum, Leyde, 1671, 2 vol. in-8. L’Histoire Auguste a été traduite par Moulines, Paris, 1806, et par plusieurs auteurs dans la Bibliothèque latine-française de Panckoucke et dans la collect. Nisard.

AUGUSTENBOURG, bourg du Slesvig-Holstein, dans l'île d'Als, à 31 kil. S. E. d'Apenrade; 500 hab. Château construit vers 1651, et qui a donné son nom aux ducs d'Augustenbourg, branche de la maison de Holstein. C'est à cette maison qu'appartenait le prince Christian d'Augustenbourg, né en 1768, qui fut nommé en 1809 prince royal de Suède par Charles XIII et par les États; mais à peine ce prince venait-il d'arriver en Suède, qu'il mourut presque subitement. On le prétendit empoisonné.

AUGUSTIN (S.), Aurelius Augustinus, le plus grand des Pères de l'église latine, né en 354 à Tagaste en Numidie, avait un père païen et une mère chrétienne, Ste Monique. Il eut une jeunesse fort dissipée, et partagea longtemps les erreurs des Manichéens. Il professa la rhétorique à Tagaste, à Carthage et enfin à Milan. Dans cette dernière ville il eut occasion de connaître S. Ambroise qui, réunissant ses efforts à ceux de la mère d'Augustin, réussit à le convertir. Il se fit baptiser à l'âge de 32 ans, quitta son école, et retourna à Tagaste, où il distribua ses biens aux pauvres, et se consacra au jeûne et à la prière. Quelque temps après, en 391, il fut ordonné prêtre, malgré sa résistance, par Valère, évêque d'Hippone (Bone), et il devint lui-même, en 395, évêque de cette ville. Il vécut en commun avec les clercs de son église, qu'il préparait au saint ministère, et forma ainsi les premiers séminaires. Il combattit, soit par ses discours, soit par ses écrits, les Donatistes, les Manichéens et les Pélagiens, instruisit son peuple par ses prédications, soulagea les pauvres et maintint la discipline dans plusieurs conciles. Il mourut à Hippone durant le siége de cette ville par les Vandales, en 430. On le fête le 28 août. Ses principaux ouvrages sont : la Cité de Dieu, son chef-d’œuvre; les Traités sur la grâce et le libre arbitre, qui l'ont fait surnommer le Docteur de la grâce; les Soliloques, où il traite de Dieu et de l'âme, ses Rétractations, où il juge les écrits et les opinions de sa jeunesse; ses Confessions, où il fait l'histoire de ses erreurs et de sa conversion miraculeuse. On a en outre de lui un grand nombre d'écrits contre les hérétiques de son temps, divers Traités sur l’Écriture; un Commentaire sur les Psaumes, 363 Sermons, 270 Lettres, etc. Quelques sermons inédits, trouvés à Florence et au mont Cassin, ont été publiés en 1842 par M. l'abbé Caillau. A. Maï a en outre retrouvé quelques autres écrits (publiés dans la Nova Bibi. Patrum, 1852-53). S. Augustin se fit remarquer par sa vaste science et par son éloquence autant que par sa piété : comme écrivain, il brille surtout par l'imagination et la verve, mais on lui reproche de l'affectation, l'abus des antithèses, de la subtilité et une certaine barbarie de style, défauts qui sont ceux de sa nation et de son siècle. En philosophie, il met le Platonisme au-dessus de toutes les autres doctrines et lui fait de fréquents emprunts. La meilleure édition de ses œuvres est celle des Bénédictins, 10 vol. in-fol., Paris, 1679 et ann. suiv.; réimprimée à Anvers, 1700-1703, avec Appendix, et à Paris, 11 vol. grand in-8, par les frères Gaume, 1835-40. La plupart de ses ouvrages ont été traduits; nous citerons : la Cité de Dieu, par Lambert, 1675 et 1736 (avec notes de l'abbé Goujet), et par M. E. Saisset, 1856; les Confessions, par Arnaud d'Andilly, 1649; Ph. Dubois, 1686; dom Martin, 1741; St-Victor et Moreau, 1840; par M. Janet, 1859; l'abbé Gabriel, 1863 ; les Lettres, Sermons et Traités moraux, par Ph. Dubois, et plus récemment par M. Poujoulat (1858). Sa Vie a été écrite par Posidius, par Tillemont, par M. Poujoulat (1846) et par M. Bindemann (1855). Ses écrits ont été analysés dans la Biblioth. des auteurs ecclésiastiques, de Dupin; dans l'Hist. générale des écrivains sacrés, de dom Ceillier; ils ont été appréciés dans l'Éloquence chrétienne au IVe siècle, de M. Villemain; dans la Philosophie de S. Augustin, de M. Nourrisson, et dans la Psychologie de S. Augustin, de M. Ferraz. Les restes de S. Augustin sont conservés à Bone et à Pavie.

AUGUSTIN (S.), l'apôtre de l'Angleterre et le premier archevêque de Cantorbéry, était un moine bénédictin. Il fut en 596 envoyé de Rome en Angleterre par le pape Grégoire le Grand pour y prêcher le Christianisme; convertit le roi Éthelbert, ainsi qu'une partie de ses sujets, fonda 12 évêchés, qui furent placés sous son autorité, fixa son siège à Cantorbéry, et mourut vers 610. On l'honore le 26 mai.

AUGUSTIN (Ant.), érudit et jurisconsulte espagnol, né à Saragosse en 1516, mort en 1586, fut évêque de Lérida, puis archevêque de Tarragone (1574), et fut nommé auditeur de la Rote par Paul III. Il a laissé un grand nombre d'ouvrages sur le droit romain et le droit ecclésiastique, dont le principal est Dialogi de emendatione Gratiani, 1581, réimprimé par Baluze, 1672; des Dialogues sur les médailles, et divers autres ouvrages sur l'histoire et les antiquités. Ses seuls ouvrages de droit forment 10 vol. in-fol., Lucques, 1765-74.

AUGUSTINES, religieuses qui suivent la règle que donna S. Augustin à un monastère fondé par sa sœur à Hippone. Elles se vouent à la garde des malades et au service des hôpitaux et portent une robe noire serrée par une ceinture de cuir. L'Hôtel-Dieu de Paris est desservi par des Augustines. Leurs principaux couvents sont : les sœurs de la Vierge, à Venise; de Ste-Marthe à Rome; les Augustines déchaussées d'Espagne et de Portugal; les sœurs de la Récollection et de St-Thomas de Villeneuve, etc.

AUGUSTINS, ordre de religieux mendiants qui font remonter leur origine à une société d'ermites ou de clercs réguliers fondée par S. Augustin, mais qui, dans la réalité, parurent pour la 1re fois au XIIe s. Ils furent réunis en un seul corps en 1256, par le pape Alexandre IV, qui leur donna Lanfranc pour général. C'est de cet ordre que sortit Martin Luther. Les Augustins se vouaient surtout à la prédication, rivalisant avec les Dominicains. Ils portaient dans l'origine un vêtement gris comme les Franciscains; ils prirent dans la suite un vêtement noir ou blanc,