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de la Perse septentr., où ils formèrent une espèce d'ordre religieux et militaire. Leur nom, dont la forme véritable est Haschischins, vient de haschich, nom arabe d'une boisson enivrante, à l'aide de laquelle leur chef, qu'on appelait le Vieux de la Montagne (V. HAÇAN), les jetait dans un délire, pendant lequel ils s'imaginaient trouver un avant-goût des félicités éternelles. Ce chef élevait des jeunes gens dans un dévouement si absolu à ses volontés, qu'ils allaient sans crainte exécuter ses arrêts de mort contre les rois et les princes ses ennemis. Les Assassins prirent un accroissement rapide; ils s'emparèrent d'un grand nombre de forteresses et formèrent plusieurs établissements, dont deux principaux : l'un au N. de la Perse, où leur ch-l. était la forteresse d'Alamout; l'autre en Syrie, dans les mont. de l'Anti-Liban, où ils possédaient la forteresse de Masyat, entre Antioche et Damas. Les meurtres que commirent ces fanatiques rendirent quelque temps redoutable la puissance de leur chef; mais en 1256, la grande invasion mongole, conduite par Houlagou, mit fin à leur existence en Perse. Ceux de Syrie furent exterminés quelques années après, par Bibars, soudan d'Égypte. La puissance des Assassins avait duré env. 180 ans. Leurs chefs les plus célèbres, après Haçan sont Kia-Buzurgomid, Ala-Eddyn ou Aladin, et Rockneddin. C'est d'eux qu'est venu le nom d’assassin donné depuis à de lâches meurtriers. Parmi leurs victimes les plus remarquables on cite un calife de Bagdad, un calife du Caire, et Conrad, marquis de Montferrat. M. J. de Hammer a donné l’Histoire des Assassins, 1818 (trad. en franç. en 1833).

ASSELYN (J.), peintre flamand, né à Anvers en 1610, mort en 1660, vint se fixer à Amsterdam après avoir visité Rome, et peignit des batailles, des marines et des paysages, prenant Claude Lorrain pour modèle dans le paysage, et imitant le Bamboche dans les batailles ou les morceaux d'histoire. Sa couleur est claire et transparente, sa touche libre et ferme, sa lumière chaude. Le musée du Louvre possède quatre de ses meilleures toiles.

ASSEMANI (Joseph-Simon), savant orientaliste, né en 1687, mort en 1768, était un Syrien maronite. Il fut préfet de la bibliothèque du Vatican, et publia entre autres ouvrages précieux : Bibliotheca orientalis Clementino-Vaticana, Rome, 1719-1728, 4 vol. in-fol., et les OEuvres de S. Éphrem, grec, syriaque et latin, R., 6 v. in-fol., 1732-46. — Son neveu et successeur à la bibl. du Vatican, Évode Assemani, a donné le Catalogue des manuscrits orientaux de la Bibliothèque Médicéo-Laurentine, Florence, 1742, 2 vol. in-fol. — Simon Assemani, de la même famille, né en Syrie en 1752, mort à Padoue en 1821, a donné un Catalogue des manuscrits orientaux de la bibliothèque du comte de Nani, Padoue, 1787-92, et un Essai sur les Arabes avant Mahomet, 1787.

ASSEMBLÉE DES NOTABLES, nom jadis donné en France à des réunions que les rois convoquaient dans des circonstances difficiles et où figuraient, avec les princes du sang, les principaux de la noblesse, de la magistrature et du clergé. Les membres en étaient nommés par le roi lui-même. Elles n'étaient que consultatives et donnaient moins d'ombrage à la royauté que les États généraux. Les notables furent assemblés pour la première fois par Charles V en 1369. Ils furent depuis convoqués à Tours en 1470, à Cognac en 1526, à Fontainebleau en 1560, à St-Germain en 1561, à Moulins en 1566, à Rouen en 1596, à Paris en 1626, à Versailles en 1787 et 1788. Ces deux dernières assemblées sont les plus connues; elles eurent lieu, la 1re, du 22 février 1787 au 25 mai de la même année; l'autre, du 6 novembre 1788 au 12 décembre suivant. Louis XVI convoqua la 1re pour combler le déficit en obtenant des subsides de la partie de la nation qui avait été jusque-là exempte de tout impôt : les notables consentirent l'impôt territorial, l'impôt du timbre et la suppression des corvées; mais le parlement refusa d'enregistrer ces mesures, prétextant qu'aux États généraux seuls appartenait le droit de les établir. La cour, après avoir tenté quelques actes de violence contre le parlement, et en avoir reconnu l'inefficacité, se résolut à convoquer des États généraux. — Ce fut pour traiter quelques questions préliminaires sur l'organisation de ces États que le roi convoqua la 2e Assemblée des notables. Il s'agissait de savoir quel y serait le rôle du tiers état, s'il obtiendrait une représentation égale en nombre à celle des deux premiers ordres, la noblesse et le clergé; si on délibérerait par tête ou par ordre, et si le tiers état n'aurait qu'une seule voix contre les deux voix de la noblesse et du clergé. L'Assemblée des notables se déclara contre le doublement du tiers ; mais la cour, cédant à l'opinion publique, décida le contraire.

ASSEMBLÉE NATIONALE ou CONSTITUANTE, assemblée célèbre, ouverte à Versailles le 5 mai 1789, sous le nom d'États généraux, devait se composer de 291 députés du clergé, 270 de la noblesse et 584 du tiers état. La noblesse et le clergé ayant refusé de siéger avec le tiers état, les députés de cet ordre se constituèrent d'eux-mêmes en assemblée délibérante, et prirent le nom d’Assemblée nationale (17 juin). Louis XVI tenta d'abord de la dissoudre et fit fermer la salle où elle se réunissait à Versailles; mais les députés, s'étant rendus le 20 juin au Jeu de paume (V. ce mot), jurèrent de ne se séparer qu'après avoir donné une constitution à la France d'où le nom d’Assemblée constituante; et le roi, désespérant de vaincre leur résistance, invita les deux autres ordres à se joindre à eux (27 juin). Voici les principaux actes de cette célèbre assemblée : 4 août 1789, abolition de tous les priviléges féodaux; 23 et 24, décret proclamant la liberté des opinions religieuses et la liberté de la presse; 12 octobre, translation de l'Assemblée nationale à Paris; 2 novembre, déclaration que les biens du clergé sont mis à la disposition de l'État comme biens nationaux; 17 décembre, création d'un papier-monnaie sous le nom d’assignats; 15 janvier 1790, division du royaume en 83 départements; 17 mars, décret pour la vente des biens nationaux jusqu'à concurrence de 400 millions; 19 juin, suppression de tous les titres de noblesse; 27 novembre, décret relatif à la prestation de serment de tout ecclésiastique fonctionnaire public; 5 juin 1791, décret qui ôte au roi le droit de faire grâce; 15 juillet, déclaration que le roi, qui avait tenté de fuir, sera suspendu de ses fonctions jusqu'à ce qu'on lui ait présenté l'acte constitutionnel; 30 juillet, abolition des ordres de chevalerie. Le 3 septembre 1791, la constitution est terminée, et, le 13, le roi l'accepte. Cette constitution, élaborée et discutée pendant les années 1789, 1790 et 1791, déterminait le pouvoir du roi et le pouvoir de la nation. Elle créait une assemblée législative, qui seule faisait les lois, et elle accordait seulement au roi, sous le nom de veto, le droit d'en suspendre temporairement l'exécution. L'Assemblée constituante se sépara le 30 septembre 1791, et fut immédiatement remplacée par l'Assemblée législative. Les personnages qui eurent le plus d'influence dans cette assemblée sont Mirabeau, Barnave, Cazalès, Maury Duport, Lafayette, les Lameth, etc. — On a aussi donné le nom d’Assemblée constituante à l'Assemblée de 1848 : ouverte le 4 mai, elle termina ses travaux le 4 novembre, et proclama le 12 du même mois la nouvelle constitution; elle établissait une république démocratique, avec un président élu pour 4 ans, et une assemblée unique de 750 membres, élus, ainsi qua le président, par le suffrage universel.

ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE. D'après la constitution donnée par l'Assemblée nationale, le pouvoir législatif était délégué à une assemblée élue par le peuple, composée de 745 membres; aucun des membres de la précédente législature ne pouvait en faire partie. Cette assemblée prit le nom d’Assemblée législative. Elle se réunit le 1er octobre 1791, lendemain du jour où se sépara l'Assemblée nationale, et siégea