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logie à Leyde (1603). Il combattit la doctrine des Supralapsaires, nia la prédestination, enseignée par Calvin, admit la doctrine du pardon pour tous les repentants, et s’efforça de réunir toutes les communions chrétiennes. Ses sectateurs, qui sont encore très-nombreux en Hollande, sont nommés Arminiens ; on les appelle aussi Remontrants, parce qu’ils exposèrent leur doctrine dans un mémoire intitulé Remontrances, qu’ils adressèrent en 1610 aux États de Hollande. Arminius eut à soutenir à Leyde des contestations fort vives, surtout avec Gomarus, zélé Calviniste, dont les partisans sont appelés Gomaristes. — Exclus en 1618 par le synode de Dordrecht de la communauté synodale, les Arminiens jouissent depuis 1630 d’une complète tolérance. Les écrits d’Arminius ont été publiés à Francfort, 1631, in-4. Ses Epistolæ ont paru en 1684, Amst., in-4. G. Brandt a donné sa Vie, Leyde, 1724.

ARMORIQUE, Armorica (des mots celtiques ar mor, la mer), nom donné aux côtes de la Gaule le long de la Manche et de l’Océan, de l’embouchure de la Seine à celle de la Loire, comprenant toute la Bretagne actuelle. Le nom d’Armorique paraît même avoir été quelquefois étendu à toute la partie occidentale des côtes de la Gaule, le long de l’Océan Atlantique. - Les cités armoricaines se soulevèrent contre les Romains en 408 et formèrent dès lors une puissante confédération.

ARMSTRONG (Jean), médecin et poëte écossais, né en 1709 à Castleton, près d’Édimbourg, mort en 1779, fut nommé en 1746 médecin de l’hôpital militaire de Buckingham, et en 1760 médecin de l’armée d’Allemagne. Il a laissé quelques écrits sur la médecine, mais il est surtout connu comme littérateur. On lui doit un Essai pour abréger l’étude de la Médecine (1735), satire ingénieuse dirigée contre les empiriques ; l’Économie de l’amour (1737), poëme auquel on reproche quelques peintures licencieuses ; l’Art de conserver la santé (1744), poème didactique estimé, trad. en 1817 par M. Monne ; le Jour (1760), poëme descriptif, et des Essais divers, publiés sous le nom de Lancelot Temple.

ARNAC-POMPADOUR, vge du dép. de la Corrèze, à 30 kil. N. O. de Brives ; 1386 hab. Haras. Ancien marquisat. Aux env., ancien château bâti en 1026 ; donné par Louis XV à Mme d’Étioles, qui prit de là le nom de marquise de Pompadour.

ARNAUD, nom de plusieurs troubadours des XIIe et XIIIe s. Le plus connu est Daniel Arnaud de Riberac, dit le Ménestrel, mort vers 1189, loué par Dante et Pétrarque comme grand maître d’amour et comme le premier poète de la langue romane. Il a laissé des poèmes érotiques (manuscrits à la Bibliothèque impériale) ; il créa la sestine, strophe de 6 vers.

ARNAUD de Brescia, célèbre hérétique du XIIe s., né en 1100, vint jeune en France où il suivit les leçons d’Abélard, puis retourna en Italie et prit l’habit monastique. Il prétendit réformer le clergé et faire revivre la primitive église ; il soutenait que les ecclésiastiques ne peuvent posséder de biens temporels sans être damnés. Il se fit un grand nombre de partisans et excita des troubles dans plusieurs villes, où le peuple, à son instigation, prit les armes contre les ecclésiastiques. Condamné par le pape Innocent II et par le concile de Latran en 1139, il se retira quelque temps en Suisse ; mais en 1144, voyant croître son parti, il vint à Rome, d’où il chassa successivement les papes Lucius II et Eugène III. Alliant la réforme politique à la réforme religieuse, il rétablit la république et forma un sénat. Il resta maître de Rome pendant 10 ans ; mais au bout de ce temps le pape Adrien IV réussit à y rentrer. Arnaud se réfugia en Toscane ; mais ayant été pris par l’empereur Frédéric Barberousse qu’Adrien avait appelé à son secours, il fut livré au préfet de Rome qui le fit décapiter ou selon d’autres brûler vif au château St-Ange, 1155.

ARNAUD de Villeneuve, savant du XIIIe siècle, né en 1238 à Villeneuve en Languedoc ou en Catalogne, se distingua à la fois par ses profondes connaissances en médecine, en chimie, en astrologie et en théologie. Il voyagea en France, en Italie et en Espagne pour s’instruire, et séjourna longtemps à Paris et à Montpellier, exerçant la médecine. Se piquant aussi d’être théologien, il se fit condamner par l’Université de Paris pour avoir soutenu plusieurs propositions hérétiques. Il se réfugia en Sicile auprès de Frédéric d’Aragon. Le pape Clément V, étant tombé malade, l’appela auprès de lui pour le soigner ; mais il périt dans la traversée de Naples à Avignon, en 1314. Arnaud de Villeneuve a surtout fait avancer la chimie : il découvrit les acides nommés depuis sulfurique, muriatique et nitrique, et sut, dit-on, le premier extraire l’alcool et l’essence de térébenthine. Malgré ses lumières, il s’adonna à l’astrologie et voulut prédire la fin du monde. Ses œuvres ont été publiées à Lyon, en 1504 et en 1520, avec une Vie de l’auteur.

ARNAUD AMALRIC, inquisiteur. V. ARNAUD.

ARNAUD-BACULARD (Fr. Thomas-Marie DE BACULARD, connu sous le nom d’), littérateur médiocre, né à Paris en 1718, d’une famille noble du comtat Venaissin, mort en 1805, fit des vers dès l’âge de 9 ans : il avait déjà composé trois tragédies à 17 ans. Voltaire remarqua ses essais, le soutint de ses conseils et même de sa bourse ; le roi de Prusse Frédéric le choisit pour son correspondant, puis l’appela à Berlin, mais Arnaud n’y resta qu’un an. Il fut nommé vers 1751 conseiller de la légation française à Dresde, puis il revint se fixer à Paris où il se livra tout entier à la composition de ses écrits. Il adopta un genre lugubre et sombre qui eut faveur pendant quelque temps. Malgré le succès de ses œuvres, il ne s’enrichit pas et finit même dans sa vieillesse par tomber dans une profonde misère. Ses principales productions sont : les Épreuves du sentiment, 1772-81 ; les Délassements de l’homme sensible, 1783-93 ; les Loisirs utiles, 1793 ; l’Histoire de M. et Mme Labédoyère. Parmi ses pièces de théâtre, la plus connue est le comte de Comminges, drame fort noir, représenté en 1790. Il a aussi composé des poésies, oubliées aujourd’hui. Presque tous ses écrits sont d’une prolixité fatigante.

ARNAULD (Antoine), avocat du XVIe siècle, issu d’une noble et ancienne famille d’Auvergne, né à Paris en 1560, mort en 1619, se fit recevoir avocat au parlement de Paris, et honora sa profession par son éloquence et sa probité. Henri IV voulut l’entendre, et le nomma avocat général et conseiller d’État. Il prononça en 1594 un plaidoyer, devenu fameux, en faveur de l’Université contre les Jésuites (imprimé à Paris et à Lyon, 1594-95), et rédigea, en 1602, un Mémoire au roi pour empêcher le rappel de cette compagnie (imprimé en 1602 et 1610, in-8). Il a composé aussi un assez grand nombre de pamphlets politiques. Ant. Arnauld eut 22 enfants, dont plusieurs se sont illustrés. Il restaura le monastère de Port-Royal-des-Champs, dont sa fille, la mère Angélique, fut supérieure.

ARNAULD d’Andilly (Robert), fils aîné du précédent, né à Paris en 1589, mort en 1674, parut de bonne heure à la cour et n’y fit usage de son crédit que pour rendre service. A l’âge de 55 ans, il quitta le monde pour se retirer à Port-Royal, où il se livra aux lettres et au jardinage. Il a composé un grand nombre d’ouvrages de piété et a donné des traductions estimées des Confessions de S. Augustin, 1649 ; des Vies des PP. du désert, 1653 ; de l’Histoire des Juifs de Josèphe, 1667-68 ; des Œuvres de Ste Thérèse, 1670. Il a laissé des Mémoires sur sa vie, publiés en 1734 (et dans la collection de Mémoires de Petitot, 1824), ainsi qu’un Journal, qui n’a paru qu’en 1857. Il fut père de Simon Arnauld, marquis de Pomponne, ministre sous Louis XIV.

ARNAULD (Antoine), célèbre théologien, frère du précéd. et le 20e des enfants d’Ant. Arnauld, né à