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une longue résistance (63), et envoyé captif à Rome. Il parvint à s'enfuir en 57, essaya de soulever de nouveau la Judée, mais fut vaincu, pris une seconde fois et mourut en prison (45).

ARISTOBULE, Juif grec, qui vivait à Alexandrie sous Ptolémée Philométor (vers 150 av. J.-C.), composa une Exégèse des livres de Moïse, ois il soutenait que les philosophes grecs avaient connu ces livres et y avaient souvent puisé.

ARISTOCLÈS, péripatéticien du IIe siècle de J.-C., né à Messine, fut le précepteur de Septime-Sévère et forma Alexandre d'Aphrodisie. Il composa une Histoire des philosophes et de leurs opinions, dans laquelle il combattait le scepticisme d'Ænésidème. Eusèbe en a conservé quelques fragments dans sa Préparation évangélique.

ARISTOCRATE, nom de deux rois d'Arcadie : le 1er régna l'an 720 av. J.-C.; le 2e vers 680. Celui-ci trahit les Messéniens, ses alliés, dans une guerre contre les Lacédémoniens : le peuple indigné le lapida et abolit la royauté, vers 671 av. J.-C.

ARISTOCRATES (du mot grec aristocrateia, gouvernement des meilleurs ou des plus puissants). Par cette dénomination, qui au propre ne veut dire que partisan d'un gouvernement aristocratique, on désigna dans la Révolution française, non-seulement les anciens nobles investis de priviléges exorbitants, mais tous ceux qui se montraient opposés aux doctrines révolutionnaires. Ce seul nom était un titre de proscription : un décret du 27 mars 1793 mettait les Aristocrates hors la loi.

ARISTOCRATIE, forme particulière de gouvernement. V. ce mot au Dictionnaire des Sciences.

ARISTODÈME, un des Héraclides qui, à la tête des Doriens, vinrent conquérir le Péloponèse, régna à Sparte de 1190 à 1186, et fut père de deux jumeaux, Proclès et Eurysthène, chefs de deux branches qui après lui régnèrent conjointement à Sparte.

ARISTODÈME, roi de Messénie, soutint de 744 à 724 la guerre la plus opiniâtre contre les Spartiates, les battit à Ithome (724) et prit leur roi Théopompe. On raconte que, sur la foi d'un oracle, il sacrifia sa propre fille pour obtenir des dieux le succès de la guerre, et qu'ensuite, pour obéir à un nouvel oracle ou cédant à son désespoir, il se perça de son épée.

ARISTOGITON, Athénien qui, avec son ami Harmodius, projeta de délivrer Athènes de la tyrannie d'Hippias et d'Hipparque. Harmodius fut tué après s'être défait d'Hipparque. On se saisit d'Aristogiton, et on le mit à la question pour lui faire déclarer ses complices : il nomma tous les amis du tyran, qui furent aussitôt mis à mort. Interrogé s'il n'en restait pas d'autres, il répondit à Hippias : « Il n'y a plus que toi qui mérites la mort. » Le tyran le fit aussitôt conduire au supplice. Après l'expulsion d'Hippias (509), une statue et des fêtes publiques consacrèrent la mémoire de ces deux citoyens.

ARISTOMÈNE, roi et général des Messéniens vers 684 av. J.-C., souleva ses compatriotes contre les Lacédémoniens, et excita la 2e guerre de Messénie. Deux fois il fut fait prisonnier, et chaque fois il s'échappa de la manière la plus merveilleuse. Il remporta de grands avantages et soutint dans Ira un siège de 11 ans (682-671 av. J.-C.), mais ne put empêcher l'asservissement de sa patrie. Vaincu, il se retira en Arcadie avec une partie des Messéniens, tandis que les autres allaient en Sicile.

ARISTONIC, fils naturel d'Eumène II, roi de Pergame, voulut enlever aux Romains le roy. de Pergame qu'Attale III leur avait légué, 132 av. J.-C. Accueilli avec transport par la nation, il remporta d'abord d'assez grands avantages; mais enfin il fut vaincu par Perpenna et amené à Rome par le consul Aquilins; on le fit étrangler en prison (129).

ARISTOPHANE, célèbre poëte comique, né vers l'an 450 av. J.-C., à Athènes, selon les uns, dans l'île de Rhodes ou d'Égine, selon d'autres, mort vers 380, commença à se faire connaître l'an 427, et fit représenter sur le théâtre d'Athènes un grand nombre de comédies dans lesquelles il attaquait sans ménagement les hommes d'État, les philosophes, les poëtes, le peuple d'Athènes et les dieux eux-mêmes. Il porta si loin la licence que l'on fut obligé, vers l'an 388, de rendre une loi qui défendait de représenter et de nommer sur la scène aucun personnage vivant; ce qui mit fin à l’ancienne comédie. Ceux qu'Aristophane poursuivit avec le plus de violence furent Socrate, contre lequel il fit la comédie des Nuées (vers l'an 424); Cléon, qu'il attaqua dans les Chevaliers; Euripide, qu'il fit figurer dans les Acharniens, les Femmes à la fête de Cérès et les Grenouilles. De 54 pièces qu'avait composées, Aristophane, il n'en reste que 11 : ce sont, dans l'ordre de leur date : les Acharniens, les Chevaliers, les Nuées, les Guêpes (imitées par Racine dans les Plaideurs), la Paix, les Oiseaux, les Femmes à la fête de Cérès, Lysistrate, les Grenouilles, les Harangueuses, Plutus. Les allusions, les personnalités, les jeux de mots dont elles sont remplies, les rendent fort difficiles à entendre; en outre, on est souvent choqué de la grossièreté des plaisanteries et de la bizarrerie des idées; mais on ne trouve nulle part plus de sel et de causticité; le style en est d'ailleurs d'une élégance toute attique. Les meilleures éditions d'Aristophane sont celles de Kuster, grec-latin, Amst., 1710, in-fol.; de Brunck, Strasbourg, 1781, 3 vol. in-8; d'Invernitz, avec commentaires de Beck, Leips., 1794-1826, 13 vol.; de G. Dindorf, avec les Scholies, dans la collect. Didot, Paris, 1839 et 1840. Les comédies d'Aristophane ont été trad. en français, dans le Théâtre des Grecs, par Brottier (vol. X à XIII), et séparément par Poinsinet de Sivry, 1784, par M. Artaud, 1830, et par M. Poyard, 1860. M. Fallex et M. Bernot ont mis en vers le Plutus et quelques morceaux des autres pièces. M. Arnould a donné une savante thèse Sur la Comédie d'Aristophane, Paris, 1842.

ARISTOPHANE de Byzance, grammairien grec, vint à Alexandrie vers 198 av. J.-C., et y fut nommé chef de la grande bibliothèque. Il eut pour disciple le célèbre critique Aristarque. On lui attribue l'invention des accents, la ponctuation et le Canon (catalogue raisonné) des Auteurs classiques grecs. Ce qui reste de lui a été publié par Nanck, Halle, 1848, in-8.

ARISTOTE, Aristoteles, surnommé le Prince des philosophes, fondateur de la secte des Péripatéticiens, né à Stagyre en Macédoine, l'an 384 av. J.-C., eut pour père Nicomaque, médecin distingué, ami d'Amyntas III, roi de Macédoine. Il vint vers l'an 368 à Athènes, y suivit pendant 20 ans les leçons de Platon, et commença dès lors à se faire connaître par ses écrits. Après la mort de son maître (348), il quitta Athènes, blessé, dit-on, de n'avoir pas été désigné pour lui succéder, et se retira d'abord en Mysie, auprès d'Hermias, souverain d'Atarné, dont il épousa la sœur Pythias, puis à Mitylène dans l'île de Lesbos. Là, il reçut de Philippe (343) une lettre par laquelle ce prince le priait de se charger de l'éducation de son fils Alexandre, lui disant qu'il se félicitait moins de ce qu'il lui était né un fils que de ce que ce fils était né du temps d'Aristote. Après avoir passé plusieurs années à la cour de Macédoine, il suivit, à ce que l'on croit, son élève dans ses premières expéditions en Asie, mettant à profit, pour les progrès de l'histoire naturelle, les trésors et les conquêtes du roi; puis il vint se fixer à Athènes vers l'an 331, et y fonda, dans une promenade voisine de la ville et nommée Lycée, une école nouvelle, qui prit le nom de Lycée; on la nomme aussi école péripatéticienne (du mot grec péripatos, promenade). A la mort d'Alexandre (323), Aristote, resté en butte à la calomnie de ses envieux et aux attaques des ennemis du roi de Macédoine, se vit accusé d'impiété : il sortit d'Athènes sans attendre le jugement, voulant, disait-il, épargner un nouveau crime aux Athéniens, déjà coupables de la condamnation de Socrate. Il