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ARGENTIÈRE (l'), jadis Urgon, ch.-l. de c. (H.-Alpes), dans une vallée des Alpes, à 15 kil. S. O. de Briançon; 1268 hab. Plomb argentifère.

ARGENTIÈRE (col de l'), passage des Alpes maritimes, aux confins du dép. des H.-Alpes, et sur la route de Mont-Dauphin et de Barcelonette à Coni, a 2031m de hauteur.

ARGENTIÈRE (île de l') ou KIMOLO, Cimolos, île de l'Archipel, près de Milo. Jadis volcanique; stérile, presque inhabitée (200 familles); eaux thermales anc. mines d'argent non exploitées, et terre dite cimolée, célèbre chez les anc. pour blanchir le linge.

ARGENTINE (République). V. PLATA (RIO DE LA-).

ARGENTOMAGUS, v. de Gaule (Aquitaine 1re), chez les Bituriges Cubi, auj. Argenton-sur-Creuse.

ARGENTON, Argentomagus, ch.-l. de cant. (Indre), sur la Creuse, à 29 kil. S. O. de Châteauroux; 4672 hab. Antiquités, restes d'un château fort, où mourut Commines. Terre à poterie fine.

ARGENTON, ch.-l. de cant. (Deux-Sèvres), à 18 kil. N. E. de Bressuire, près de la Bressuire; 909 hab. Presque détruit pendant les guerres de la Vendée.

ARGENTORATUM, v. de Gaule, capit. des Tribocci, auj. Strasbourg. Julien y battit les Germains en 357.

ARGENTRÉ, ch.-l. de cant. (Mayenne), à 10 kil. E. de Laval; 651 hab. — Ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), à 8 kil. S. E. de Vitré; 450 hab. Marbre noir.

ARGENTRÉ (Bertrand d'), historien, né à Vitré en 1519, mort en 1590, fut sénéchal de Rennes et cultiva la jurisprudence et l'histoire. On a de lui des Commentaires sur la coutume de Bretagne, écrits en latin et fort estimés, et une Histoire de Bretagne, qui fait autorité.

ARGENTUARIA, v. de Gaule, chez les Rauraci, est auj. Colmar ou selon d'autres Artzheim ou Horbourg sur l'Ill, près de Colmar. Gratien y battit les Germains en 378.

ARGHOUN, un des noms du fleuve AMOUR.

ARGHOUN, fils d'Houlagou, fut proclamé empereur par les Mongols à la mort d'Ahmed, en 1281, et résida à Tauris. Il se laissa toujours gouverner par ses favoris, surtout par Bouça et par Saad-ed-Daulah, médecin juif; celui-ci ayant été assassiné par les grands, Arghoun en mourut de douleur (1290).

ARGIE, fille d'Adraste et femme de Polynice, est célèbre par la tendresse qu'elle portait à son époux. Après la défaite des Sept chefs qui périrent devant Thèbes, elle alla avec Antigone, sa belle-sœur, rendre à Polynice les derniers devoirs, et fut, comme elle, mise à mort par ordre de Créon.

ARGINUSES, îles de la mer Égée, entre Lesbos et la côte de l'Asie-Mineure, près d'Ephèse. Les Athéniens, commandés par Conon, y défirent la flotte des Spartiates en 406 av. J.-C.

ARGOLIDE, Argolis, région du Péloponèse, au S. de la Corinthie et de la Sicyonie, à l'E. de l'Arcadie, au N. de la Laconie, s'étendait le long de la mer Égée, et comprenait, outre l’État d'Argos, la Trézénie, l'Épidaurie, l'Hermionie. Ville princip. : Argos, Mycènes, Tirynthe, Nauplie, Trézène, Hermione, Épidaure. — Peuplée par les Pélasges, l'Argolide appartint dès le XXe siècle av. J.-C. aux Inachides (1986-1572). Danaüs, fils de Bélus, Égyptien, les en chassa et leur substitua la dynastie des Bélides. Après la mort d'Abas (1498), l'Argolide fut partagée entre ses fils : Acrisius, l'un d'eux, régna à Argos; il eut pour successeurs Persée, Sthénélus et Eurysthée, l'oncle d'Hercule. Les Pélopides y régnèrent ensuite au détriment d'Hercule et de ses descendants; Agamemnon, petit-fils de Pélops et fils d'Atrée, possédait Argos au temps de la guerre de Troie (1280). Quand les Héraclides furent rentrés dans le Péloponèse (1190), Argos échut à Téménus. En 820, après la mort d'Eratus, la royauté fut abolie et remplacée par l'oligarchie. Depuis le VIe siècle av. J.-C., cette contrée fut longtemps soumise aux Spartiates. L'an 233 av. J.-C., l'Argolide se réunit à la Ligue Achéenne; elle succomba avec elle en 146 av. J.-C. Elle a depuis obéi successivement aux Romains, aux empereurs grecs, aux princes croisés, aux Vénitiens, aux Turcs, et n'a recouvré son indépendance qu'en 1825. Elle forme auj., avec la Corinthie, une prov. du roy. de Grèce, qui compte 110 000 hab. et a pour capit. Nauplie et pour villes principales, Argos, Corinthe, Castri, Poros.

ARGONAUTES, héros grecs qui, sous la conduite de Jason, allèrent en Colchide conquérir la Toison d'or. Ils étaient montés sur le navire Argo, ainsi appelé parce qu'il fut construit à Argos ou par Argus, prince argien. On n'est pas d'accord sur leur nombre; l'opinion la plus commune le porte à cinquante. Les plus célèbres après Jason furent Hercule, qui se sépara de ses compagnons en route, Orphée, Tiphys, pilote du vaisseau, Esculape, Lyncée, Castor et Pollux, Calaïs et Zéthès, Tydée, Nestor. Partis d'Iolcos en Thessalie, ils arrivèrent à travers mille dangers et après mille retards en Colchide, s'emparèrent de la toison avec le secours de Médée, fille du roi de ce pays, et revinrent en Grèce, selon les uns, par le Danube et la Méditerranée, ou, selon d'autres, après avoir navigué sur le Volga, la mer Baltique, l'Océan, le détroit de Gadès et la Méditerranée. On a sur cette expédition deux poëmes célèbres, l'un d'Apollonius de Rhodes, en grec, l'autre de Valérius Flaccus, en latin. Plusieurs mythologues n'ont voulu voir dans le voyage des Argonautes qu'une pure fiction ou bien un emblème de la marche des corps célestes; cependant il est à présumer que ce voyage a eu réellement lieu, et qu'il avait pour but l'exploitation des mines d'or que renferme le Caucase, ou la colonisation des riches contrées situées au N. E. de l'Asie-Mineure. On place l'expédition au XIVe siècle av. J.-C., vers 1330.

ARGONNE, partie de la Champagne et de la Lorraine, occupait 75 k. de long, depuis Sedan (Ardennes) jusqu'à Ste-Menehould (Marne), sur les deux rives de l'Aisne. On y trouve beaucoup de forêts et des montagnes qui offrent plusieurs passages fort difficiles; ce qui a fait surnommer l'Argonne les Thermopyles de la France. On a donné le nom de campagne de 1'Argonne à celle de 1792 : elle fut signalée par la victoire de Valmy, que remporta Dumouriez et qui sauva la France de l'invasion étrangère.

ARGONNE (dom Bonaventure d'), né à Paris en 1634, fut d'abord avocat, puis se fit Chartreux à Gaillon, et mourut en 1704. On a de lui plusieurs ouvrages estimés : De la lecture des PP. de l'Église; Éducation, maximes et réflexions de Moncade, et de curieux Mélanges d'histoire et de littérature, publ. par Vigneul de Marville, avec un Discours sur le sel dans les ouvrages d'esprit.

ARGOS, Argos et Argi chez les anciens. v. de, l'anc. Grèce et du roy. actuel de Grèce, capit. de l'Argolide, sur l'Inachus (Planitza), à 9 k. N. O. de Nauplie, était célèbre autrefois par ses chevaux et par un beau temple de Junon. C'est auj. une ville de 6000 âmes. Ruines nombreuses; citadelle dont les assises sont de construction cyclopéenne, amphithéâtre, long passage souterrain taillé dans le roc et communiquant avec la citadelle, vestiges de temple, etc. — Argos, la plus anc. ville de la Grèce avec Sicyone, eut pour fondateur Inachus; elle fut la capit. du roy. d'Argos de 1986 à 820 av. J.-C., et ensuite d'une république qui ne joue qu'un rôle secondaire dans l'histoire (V. ARGOLIDE). Les Romains s'en emparèrent l'an 146 av. J.-C. Lors, du partage de l'empire grec par les Latins au XIIIe siècle, Argos reconnut pour maître Geoffroy II de Villehardoin, qui la donna en fief au duc d'Athènes, vers 1230. Elle fut prise d'assaut en 1397, par Bajazet, qui réduisit en esclavage 30 000 de ses habitants, et les remplaça par des Tartares. Reprise par les Vénitiens en 1686, elle leur fut enlevée en 1715 par les Turcs, et resta au pouvoir de ces derniers jusqu'en 1825, époque où la Grèce recouvra son indépendance.

ARGOS AMPHILOCHIUM, Filoki, v. de l'Acarnanie