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S. O. de Cuzco et à 2500m au-dessus de la mer; 35 000 h. Évêché, séminaire, collège. Ville grande et belle, commerçante, industrieuse. Fondée par Pizarro en 1536. Manuf. d'étoffes de laine et de coton, de tissus d'or et d'argent; taille de pierres précieuses. Aux environs, se trouvent le Guagua Putina et l'Uvinas, volcans qui font partie de la chaîne des Andes, et dont les éruptions au XVIe siècle ont presque enseveli Arequipa. Riches mines d'argent. – Le dép. d'A., dans la partie O. du Pérou, est baigné à l'O. par le Grand Océan, et a pour villes principales, outre Arequipa, Chuquibamba, Camana, Tacna Moquehua, Arica.

ARÈS, nom grec du dieu MARS.

ARÉTÉE, célèbre médecin grec, né à Cappadoce, vivait, selon les uns, du temps de Néron, ou un peu plus tard, selon d'autres. On a de lui un ouvrage en 8 livres, intitulé : De morborum diuturnorum et acutorum causis, signis et curatione, dans lequel on trouve un talent d'observation digne d'Hippocrate. Ce médecin est le premier qui ait fait usage des cantharides comme vésicants. Les meilleures éditions d'Arétée sont celles de Vigan, Oxford, 1723; de Boërhaave, Leyde, 1731, de Kühn, Leips., 1828; d'Ermerins, gr.-lat., Utrecht, 1847; et de Daremberg, avec trad. franç., Par., 1851.

ARÉTHUSE, nymphe d'Élide, se baignant un jour dans l'Aiphée, inspira de l'amour au dieu de ce fleuve. Pour échapper à sa poursuite, elle implora le secours de Diane, qui la changea en fontaine. L'Alphée mêla aussitôt ses eaux à celles d'Aréthuse, qui disparurent et vinrent jaillir à Ortygie, île voisine de Syracuse, où elles formèrent une fontaine d'eau douce, bien qu'entourée des eaux salées de la mer.

ARÉTIN (Pierre l'), fameux par ses poésies mordantes et licencieuses, né en 1492, à Arezzo, était fils naturel d'un gentilhomme de cette ville. Chassé de son pays pour un sonnet contre les indulgences, il se réfugia à Pérouse, où il exerça le métier de relieur, puis il vint à Rome, où il fut employé par les papes Léon X et Clément VII; mais il se fit encore chasser de cette ville pour des sonnets obscènes; il trouva un asile à Milan auprès de Jean de Médicis. A la mort de ce seigneur (1537), il alla se fixer à Venise, où il vécut du produit de sa plume. Il n'épargnait point dans ses écrits satiriques les princes et les grands, ce qui le fit surnommer le Fléau des Princes; la plupart, pour éviter les traits de sa satire, lui faisaient des présents considérables; quelques-uns, cependant, ne le payèrent qu'avec le bâton. Impudent et vénal, il se mettait aux gages du plus offrant : c'est ainsi qu'après avoir chanté François I, il négligea ce prince pour Charles-Quint qui le paya plus largement. Indifférent sur les moyens de s'enrichir, il écrivait à la fois des livres obscènes et des ouvrages de piété. On dit que, trompé par sa feinte dévotion, Jules III fut sur le point de le faire cardinal. Plein de vanité, il s'appelait lui-même le divin Arétin. Il mourut à Venise, d'un fou rire, en 1557. Il avait été lié avec les hommes les plus distingués de son siècle, avec Michel-Ange, le Titien, et Jules Romain, qui fit des figures pour quelques-unes de ses poésies. Il a laissé un grand nombre d'écrits en vers et en prose, les uns badins, les autres sérieux; ils consistent dans des Dialogues, des Sonnets, des Stances, des Capitoli, des Comédies, et dans des ouvrages de piété; parmi ces derniers, on remarque sa Paraphrase des sept psaumes de la Pénitence (Venise, 1534), et le traité de l'Humanité du Fils de Dieu (Venise, 1535) : ces deux ouvrages ont été traduits en français par Jean de Vauzelles.

Le nom d’Arétin a été porté en Italie par plusieurs autres personnages célèbres, également natifs d’Arezzo, Guy, inventeur de la gamme; Bernard Accolti, poëte célèbre; François Accolti, jurisconsulte; Léonard Bruni, historien (V. ces noms); et, en Allemagne, par une famille noble d'Ingolstadt en Bavière, dont deux membres surtout sont connus : Joseph, baron d'Arétin, 1769-1822, diplomate et amateur éclairé des arts, qui forma un des plus riches cabinets d'estampes et rédigea un Magasin des arts du dessin, Munich, 1791; et son frère, le baron Grégoire d'A., 1773-1824, historien et publiciste, auteur d'une Mnémonique, qu'il publia en 1810.

AREVALO (Sanctus d'), évêque d'Oviédo, né en 1404 près de Ségovie, mort à Rome en 1470, gouverneur du château St-Ange, remplit diverses missions sous Jean II, roi de Castille. Il est moins connu par son Historia hispanica que par son Speculum vitæ humanæ, Rome, 1468, traduit en franç. par Forget, 1482.

AREZZO, Arretium, v. de Toscane, à 80 k. S. E. de Florence, dans la riche plaine de la Chiana; 10 000 h. Évêché. Citadelle. Collége Leopoldo, fondé en 1820. Magnifique portique sur la place du Marché. Cathédrale gothique. Ruines d'un amphithéâtre. Patrie de Mécène, Pétrarque, Vasari, Guy d'Arezzo, Pierre l'Arétin, Léonard Bruni, des Accolti, etc.; Michel-Ange naquit dans le voisinage.

ARGAND (Aimé), physicien et chimiste, né à Genève en 1755, mort en 1803, inventa en 1782 les lampes à double courant d'air, auxquelles Quinquet, pharmacien de Paris, a laissé son nom. C'est lui qui substitua aux mèches pleines, qui donnaient beaucoup de fumée et peu de lumière, des mèches en forme de cylindre creux : Quinquet eut seulement l'idée de les entourer de cheminées en verre.

ARGÉE (MONT), Argæus mons, auj. l’Ardjich-Dagh, un des points culminants de l'Asie-Mineure, à 13 k. S. de Césarée de Cappadoce; env. 4000m.

ARGELÈS, ch.-l. d'arr. (H.-Pyrénées), sur le Gave d'Azun, à 2 kil. de sa jonction avec le Gave de Lourdes, et à 33 k. S. O. de Tarbes, dans un vallon qui porte aussi le nom d'Argelès; 1664 h.

ARGELÈS-SUR-MER, ch.-l. de c. (Pyr.-Or.) , à 19 k. S. E. de Perpignan; 1924 h. Corderies, liége.

ARGELLATI (Philippe), savant italien, né à Bologne en 1685, mort en 1755, travailla avec Muratori à la publication des Sciptores rerum italicarum, qu'il fit imprimer, ainsi que plusieurs autres grands ouvrages, à Milan, aux frais de la Société Palatine (V. ARCHINTO). On lui doit encore Bibliotheca scriptorum mediolanensium, Milan, 1745; Biblioteca dei Volgarizzatori italiani, ouvrage posthume, Milan, 1767, etc. — Son fils, François A., a publié des traités de philosophie, de jurisprudence, d'histoire, et un Décaméron, Bologne, 1751, imité de Boccace, mais d'un genre plus sérieux.

ARGENS (l'), Argenteus, petite riv. de France (Var), prend sa source au pied de la mont. de Seillon, à 6 kil. de St-Maximin, arrose Vidauban, le Muy, Roquebrune, et tombe dans le golfe de Fréjus après un cours de 100 kil. — Domaine voisin de Castellane (B.-Alpes), érigé en marquisat en 1722 pour le père du célèbre écrivain de ce nom.

ARGENS (J. B. BOYER, marquis d'), né en 1704 à Aix en Provence, fils d'un procureur général, suivit la carrière des armes et eut une jeunesse fort licencieuse, ce qui le fit déshériter par son père. Blessé devant Philipsbourg (1734), il quitta le service et se retira en Hollande, où il vécut du produit de sa plume. Il attira l'attention du roi de Prusse par ses attaques contre la religion révélée : ce prince l'appela à sa cour, en fit son chambellan avec 6000 fr. de traitement, et le nomma directeur général de l'Académie. Après avoir vécu 25 ans dans l'intimité de Frédéric II, d'Argens vint passer ses dernières années dans sa famille, à Aix, et y mourut en 1771. Il avait une instruction vaste et variée, mais il fut un des ennemis les plus acharnés du Christianisme. Ses principaux écrits sont : Mémoires secrets de la République des Lettres, Berlin, 1744 et 1765; Lettres Juives, La Haye, 1754; Lettres Chinoises, 1755; Lettres cabalistiques, 1769; Philosophie du bon sens, 1768; des traductions d’Ocellus Lucanus, du Timée, et du Discours de Julien contre les Chrétiens. Il a donné aussi des romans et laissé des Mémoires, publ. en