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aussi vive que constante, attaquant surtout le système des études classiques, le régime électoral, et demandant instamment la réforme ; il acquit ainsi une telle popularité qu’en 1848 il fut porté par acclamation au gouvernement provisoire. Il s’honora en luttant contre la faction qui voulait arborer le drapeau rouge, en se prononçant contre les prédications subversives des utopistes, et se mit, pendant les funestes journées de juin, à la tête des troupes pour marcher contre les barricades ; mais il ne tarda pas à se retirer avec découragement de la scène politique. Arago a rendu de grands services à la science, surtout à la physique et à l’astronomie. Il adopta et fit triompher la théorie de l’ondulation de la lumière, en détruisant par des faits celle de l’émission ; découvrit la polarisation colorée, inventa un ingénieux polariscope et divers instruments qui donnèrent plus de précision aux observations astronomiques ; compléta les travaux d’Œrsted et d’Ampère sur les rapports du magnétisme et de l’électricité, et découvrit, en 1824, le magnétisme par rotation, découverte pour laquelle la Société royale de Londres lui décerna la médaille de Copley. Arago possédait à un rare degré le talent d’exposer la science avec clarté et de la mettre à la portée du plus grand nombre ; la foule se pressait pour l’écouter à l’Observatoire où il faisait un cours populaire d’astronomie. Ce savant n’a point laissé de grand monument ; mais on lui doit une foule d’écrits précieux, disséminés pour la plupart dans les Mémoires de l’Institut, dans l’Annuaire du Bureau des Longitudes, qu’il enrichit d’excellentes notices, ou dans les Annales de physique et de chimie, qu’il avait fondées avec Gay-Lussac. M. J. A. Barral a réuni ses Œuvres complètes en 17 vol. in-8 (1856-60) : elles se composent d’un traité d’Astronomie populaire, de Notices et Mémoires scientifiques, de Notices biographiques, de Rapports et de Mélanges. M. Ch. Combes a prononcé son Éloge à l’Institut en 1854. M. Audiganne a publié : Fr. Arago, son génie et ses influences, 1857.

Deux frères de Fr. Arago, Jacques Arago (né en 1790, mort en 1855) et Étienne Arago (né en 1803), se sont fait connaître comme écrivains. Le premier a publié, quoique devenu aveugle, des récits de voyages, des nouvelles, des romans, pleins d’intérêt ; le deuxième a donné de spirituels vaudevilles.

ARAGON, grande prov. d’Espagne, une des 12 capitaineries générales du roy., est située entre celles de Vieille-Castille et de Navarre à l’O., de Catalogne à l’E., de Nouvelle-Castille au S., et touche à la France par sa frontière sept. ; Saragosse en est la capitale. On la divise en 3 prov. : celles de Saragosse, de Huesca et de Téruel. Étendue, 320 k. sur 200 ; 850 000 h. On y trouve des mont. au N. et à l’E., des plaines sablonneuses et arides au centre, et de nombreuses rivières : l’Èbre, le Gallego, le Xalon, le Guadalaviar et l’Aragon, qui donne son nom au pays. – L’Aragon n’est qu’une partie de la Tarraconaise des Romains, et répond en partie à la Celtibérie des anciens. Il passa en 470 de la domination des Romains sous celle des Goths, fut conquis par les Maures en 714, leur fut repris par les rois de Navarre, et forma un comté qui resta sous leur dépendance jusqu’en 1035. À cette époque, la mort du roi de Navarre Sanche III occasionna un partage entre ses 4 fils : le comté d’Aragon échut à Ramire, l’un d’eux, et fut érigé en royaume. Le roy. d’Aragon était alors fort resserré ; il s’agrandit par des conquêtes successives de 1096 à 1137, s’augmenta du comté de Barcelone par l’avénement de la dynastie barcelonaise, 1137, acquit Montpellier, 1804, les îles Baléares, 1229-1233, les trois quarts du roy. de Valence, 1238, fit en 1282 l’acquisition de la Sicile, qu’il perdit en 1294 ; acquit la Sardaigne en 1326, mais céda Montpellier à la France, 1349 ; réunit définitivement la Sicile, 1409 ; y joignit la couronne de Naples, 1435, et finit par s’unir à la Castille pour former la monarchie d’Espagne. Cette union, préparée par le mariage de Ferdinand héritier d’Aragon, avec Isabelle, héritière de Castille, 1469, avancée par l’avénement de Ferdinand au trône d’Aragon, 1479, remise en question par la mort d’Isabelle, 1504, fut consommée par l’avénement de Charles-Quint, 1516, petit-fils et héritier de Ferdinand et d’Isabelle. Depuis ce temps, les couronnes d’Aragon et de Castille sont restées unies. En 1516, la couronne d’Aragon comprenait : 1o en Espagne et en France, l’Aragon, la Catalogne, la Haute-Navarre, le Roussillon, la roy. de Valence, celui de Murcie ; 2o hors de la Péninsule, les Baléares, la Sardaigne et les Deux-Siciles. L’Aragon, célèbre par son esprit d’indépendance, conserva, sous les diverses dominations, ses priviléges ou fueros. Le pays se gouvernait lui-même par ses cortès.

Les rois d’Aragon se sont succédé comme suit :

1o Dynastie de Navarre. Alphonse III, 1285
Ramire I, 1035 Jayme II, 1291
Sanche-Ramire I, 1063 Alphonse IV, 1327
Pèdre I, 1094 Pèdre IV, 1336
Alphonse I, 1104 Juan I, 1387
Ramire II, 1134 Martin, 1395
2o Dynastie de Barcelone. 8o Dynastie de Castille.
Raymond, 1137 Ferdinand I, 1412
Alphonse II, 1162 Alphonse V, 1416
Pèdre II, 1196 Juan II, 1458
Jayme I, 1213 Ferdinand II, 1479
Pèdre III, 1276 Charles-Quint, roi de toute l’Espagne, 1516

ARAGON, riv. d’Espagne, naît sur le versant S. des Pyrénées, coule à l’O., puis au S., arrose Jaca, Sanguesa, et tombe dans l’Èbre en face d’Alfaro, après avoir traversé l’Aragon, auquel elle donne son nom, et une partie de la Navarre. Cours, 150 kil.

ARAGUAY, riv. du Brésil, sort de la Serra Seiada, reçoit par la droite le Claro Diamantino, le Vermelho de Goyaz, le Crixas ; par la gauche, le Rio das Mortes, le Farto, l’Aquiqui, et se jette dans le Tocantins, vers le milieu du cours de ce fleuve, après avoir formé la grande île Ste-Anne. Cours total, 1500 kil.

ARAL (mer d'), grand lac de l’Asie centrale, dans le Turkestan, entre 54°-59° long. E., 42°-46° lat. N., a 450 kil. de long, 240 de large, et reçoit le Syr-Daria (Iaxarte), l’Oudjani et l’Amou-Daria (Oxus). Ses bords méridionaux sont habités par les Arales. Eau peu salée ; côtes basses. – Les anciens ignoraient probablement l’existence de la mer d’Aral, et comme ils faisaient de l’Amou-Daria un tributaire de la mer Caspienne, on a prétendu que de leur temps les deux mers n’en faisaient qu’une. Suivant plusieurs modernes, la mer d’Aral serait ce que les anc. nommaient le lac Chorasmias (lac de Khovaresm).

ARAM, nom donné dans la Genèse à la Syrie, s’étendait aussi à la Mésopotamie, à la Chaldée, à l’Assyrie et à l’Elam ; il dérivait d’Aram, cinquième fils de Sem, dont les descendants peuplèrent la Syrie et la Mésopotamie. On appelait Araméens les habitants de ce pays. On homme encore auj. langues araméennes le syriaque et le chaldéen, langues parlées dans l’ancien pays d’Aram.

ARAM (Eugène), savant anglais, né à Ramsgill, au comté d’York, était fils d’un jardinier et vint s’établir à Londres en 1734. Il travaillait à la composition d’un dictionnaire comparé des langues celtique, anglaise, latine, grecque et hébraïque, et jouissait de l’estime générale, lorsqu’il fut arrêté en 1758, et convaincu d’avoir, quatorze ans auparavant, assassiné Daniel Clark, cordonnier : il fut condamné et exécuté à York en 1759. La jalousie lui avait fait commettre ce crime. E. Aram est le sujet et le titre d’un des romans de Bulwer.

ARAMÉENS. V. ARAM.

ARAMITZ, ch.-l. de canton (B.-Pyrénées), à 15 k. S. O. d’Oloron ; 516 h. Froment, maïs.

ARAMON, ch.-l. de canton (Gard), sur le Rhône, à 27 kil. N. E. de Nîmes ; 2393 hab. Oliviers.