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golfe formé par le Pont-Euxin ; on la nomma plus tard Sozopolis, d'où son nom moderne de Sizéboli ; — 4° dans la Cyrénaïque, auj. Marza-Souza, sur la mer, à quelques kil. au N. de Cyrène, à laquelle elle servait de port ; — 5° dans l'île de Crète, nommée aussi Eleuthera, patrie du philosophe Diogène d'Apollonie ; — 6° en Bithynie, auj. Aboulioun, à l’O., sur le lac Apolloniates ; — 7° en Palestine, près de Césarée, sur la mer ; on croit que c'est auj. Arzouf ; — 8° en Pisidie, à l’O. d'Antioche de Pisidie. J. Arundel y trouva en 1833 une trad. grecque du Testament d'Auguste.


APOLLONIE (Ste). V. APOLLINE (Ste).


APOLLONIUS de Perge, géomètre grec, né vers 244 av. J.-C., à Perge en Pamphyplie, florissait à Alexandrie sous Ptolémée Philopator, 205, et fut, avec Euclide, Archimède et Diophante, un des créateurs des sciences mathématiques. On a de lui un traité en 8 livres des Sections coniques, dont la meilleure édition est celle de Halley, Oxford, 1710. Apollonius fut commenté chez les anciens par Pappus.

APOLLONIUS de Rhodes, poëte grec, né à Alexandrie ou à Naucratis, vers 276, mort vers 186. Élève de Callimaque, il ne tarda pas à devenir le rival de son maître. Forcé de s'éloigner par la jalousie de Callimaque, il alla se fixer à Rhodes (d'où son surnom), enseigna dans cette ville avec distinction la rhétorique, fut rappelé dans Alexandrie après la mort de Callimaque et fut chargé de la direction de la fameuse bibliothèque. Il avait composé de nombreux ouvrages; il ne nous en reste qu'un poëme sur l’Expédition des Argonautes, en 4 chants, ouvrage qui offre d'assez grandes beautés pour que Virgile n'ait pas dédaigné de lui faire quelques emprunts. Valérius Flaccus en a fait une imitation suivie. Les Argonautiques ont été publiés par H. Étienne, Genève, 1574; Shaw, Oxford, 1777; Brunck, Strasbourg, 1780; Beck, Leips., 1797,avec trad. latine; par A. Wellauer, Leips., 1828, en grec seulement; et par Merkel, Leips., 1854. Ce poëme a été trad. en français par Caussin de Perceval, 1797, in-8. — On connaît aussi sous le nom d'Apollonius de Rhodes un artiste grec, vivant 200 ans av. J.-C., à qui l'on doit le beau groupe connu sous le nom de Taureau Farnèse, représentant Amphion et Zéthus qui attachent Dircé aux cornes d'un taureau sauvage : ce groupe est au musée de Naples.

APOLLONIUS de Tyane, philosophe et thaumaturge, né à Tyane en Cappadoce peu d années après J.-C., embrassa de bonne heure la doctrine de Pythagore, se soumit à toutes les austérités de cette secte, voyagea beaucoup, visita la Cilicie, la Pamphylie, Antioche, Éphèse, Babylone; pénétra jusque dans l'Inde, accompagné de Damis, son disciple, puis se rendit à travers la Grèce en Italie, excitant partout l'admiration sur son passage et faisant des guérisons merveilleuses. Chassé de Rome par Néron, il se lia en Orient avec Vespasien, dont il favorisa l'avénement, puis il établit à Éphèse une école pythagoricienne qui attira de nombreux disciples. On croit qu'il mourut dans cette ville, vers l'an 97, dans un âge très-avancé. Ses contemporains le regardaient comme un homme extraordinaire et lui accordaient le don de prédire l'avenir et de faire des miracles. Quelques païens ne craignirent même pas de le mettre en parallèle avec le Christ. On raconte qu'au moment ou Domitien périt à Rome, Apollonius, qui était alors à Éphèse ou il faisait une leçon publique, s'arrêta tout à coup, et que, s'adressant au meurtrier, il s'écria : « Courage, Stéphanus, tue le tyran. » Damis avait écrit sur son maître des mémoires qui furent remis longtemps après à Philostrate : celui-ci a rédigé, d'après ces matériaux, une Vie d'Apollonius, remplie de fables incroyables. Cette Vie a été trad. en français par Castillon, Berlin, 1174, avec une préface de Frédéric II, et par M. Chassang, 1862. Ch. Blount en a donné une trad. angl. avec notes anti chrétiennes. Legrand d'Aussy a publié une biogr. critique d'Apollonius, 1808. Apollonius avait composé plusieurs écrits : il ne reste de lui qu'une Apologie à Domitien, conservée par Philostrate, et 84 Lettres, publiées par Commelin, 1601.

APOLLONIUS DYSCOLE, c.-à-d. Chagrin, grammairien d'Alexandrie, ainsi surnommé à cause de son humeur morose, florissait sous Adrien et Antonin, et fut père du grammairien Hérodien. Il est, dit-on, le 1er qui ait réduit la grammaire en système. Il nous reste de lui 4 livres De syntaxi seu constructione, publiés avec la trad. latine d'Æmilius Portus ar F. Sylburge, Francfort, 1590, et par Bekker, Leips., 1817; c'est un des meilleurs ouvrages de ce genre que les anciens nous aient transmis. On lui attribue aussi un recueil d’Historiæ commentitiæ, Leyde, 1620; Leips., 1792. M. Egger a publié ce qui reste de lui, avec un Essai sur les théories grammaticales dans l'antiquité, Paris, 1854. — Un autre grammairien du nom d'Apollonius, natif aussi d'Alexandrie, rédigea au 1er siècle un Lexicon homericum, publ. par. Villoison, 1773; et par Bekker, Berlin, 1833.

APOLOGISTES, écrivains chrétiens des premiers siècles qui présentèrent aux païens des Apologies de la religion. V. APOLOGÉTIQUE au Dict. des Sciences.

APONUS, AQUÆ APONI, v. d'Italie, est auj. Abano.

APÔTRES, Apostoli c.-à-d. envoyés, premiers disciples de Jésus, furent chargés de répandre la religion nouvelle sur toute la terre. Ils étaient au nombre de 12, savoir : Pierre, André, frère de Pierre, Jean l'évangéliste, Philippe, Jacques le Majeur, Barthélemy, Thomas, Mathieu, Simon, Thadée ou Jude, Jacques le Mineur, Judas l'Iscariote, qui, après sa trahison, fut remplacé par Mathias. On compte également S. Paul parmi les apôtres : c'est l’apôtre des Gentils. On y joint quelquefois Barnabé.

APPELANTS. On nomme ainsi ceux qui, mécontents de la condamnation prononcée contre un livre du janséniste Quesnel par la bulle Unigenitus (1713), en appelèrent au futur concile.

APPENRODE, vge du Hanovre, à 4 kil. O. d'Ilefeld. Fameuse grotte, dite Kelle (la Cave).

APPENZELL, cant. suisse, inclus dans celui de St-Gall, a 45 k. sur 26 et compte 55 000 h., dont env. 40 000 Réformés. Il est divisé en deux parties indépendantes l'une de l'autre, les Rhodes intérieures, qui ont pour ch.-l. Appenzel, Abbatis cella, 2500 h.; et les Rhodes extérieures, qui ont alternativement pour ch.-l. Trogen et Hérisau. Pays fort montagneux : les cimes principales sont le Sentis, le Geyrenspitz, le Kamor. — Ce canton ne fut admis dans la Confédération suisse qu'en 1513. Il dépendait précédemment de l'abbé de St-Gall.

APPERT (Ch.-Nicolas), inventeur d'un procédé pour la conservation des substances alimentaires, mort en 1840, à Massy (Seine-et-Oise), avait été longtemps confiseur et distillateur à Paris. Il commença ses recherches dès 1796, en fit constater le résultat en 1804 par l'administration de la marine à Brest, et fonda la même année un établissement de conserves qui fut bientôt connu dans le monde entier, et où il fit une rapide fortune. Son procédé, au moyen duquel on réussit à conserver pendant plusieurs années les substances alimentaires, consiste à faire bouillir ces substances au point juste de leur cuisson, puis à les caser bien privées d'air dans un vaisseau de fer-blanc qu'on scelle hermétiquement. On a d'Appert l’Art de conserver les substances animales et végétales, 1810.

APPIEN, Appianus, historien grec, né à Alexandrie au commencement du IIe s. de J.-C., vint de bonne heure à Rome, vécut sous Trajan, Adrien, Antonin, exerça avec distinction la profession d'avocat, fut surintendant des affaires domestiques des empereurs et peut-être gouverneur de l'Égypte. Il avait composé, sous le titre d’Histoire romaine, un grand ouvrage en 34 livres, qui s'étendait depuis la ruine de Troie jusqu'au règne de Trajan; il y racontait séparément l'histoire de chacun des peuples qui ont été en relation avec Rome. Il ne nous en reste qu'un petit nombre de livres entiers (savoir : 3 livres sur les guerres d'Espagne, d'Annibal et de Car-