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864 GÉOGRAPHIE. — EXPLICATION DES CARTES. francs. Mais le triomphe des Aquitains ne devait pas être long. Hunald trahi par les siens dut se tenir sur la défensive. Après lui son fils Waïfre se fit le chef de tous les ennemis des Francs; il soutint contre eux le troisième fils de Charles-Mar- tel, Grippon, qui n'avait pas été admis au par- tage royal. Cette protection de Waïfre accordée à Grippon fut la cause des invasions successives que firent les Francs en Aquitaine pour ramener cette contrée sous leur dépendance. A la mort de Pépin le Bref (768) , l'empire des Francs s'étendait sur toute la Gaule comprise dans ses anciennes limites, l'Océan, les Pyrénées, la Mé- diterranée , les Alpes et le Rhin. La Bretagne, à qui Pépin avait enlevé Vannes, n'était pourtant pas soumise. L'Aquitaine remuait encore; et, derrière elle, dans la Vasconie, habitait un peuple indomp- table. Les peuples soumis d'outre-Rhin, les Ba- varois en particulier, s'agitaient continuellement. Enfin, au nord et à l'est, les peuplades germa- niques, Slaves et Scythiques (Saxons, Slaves et Avares) , menaçaient sans cesse les frontières de l'Empire. Pépin, qui avait deux fils, divisa en deux parts l'empire des Francs; il laissa: A CHARLEMAGNE, A CARLOMAN, l'Austrasie , la Thu- la Bavière , l'Ail é- ringe, la Neustrie, dans manie , l'Alsace , la leur intégrité. Burgondie, la Provence et la Septimanie. Quant à l'Aquitaine, qui n'est pas nommée dans l'acte de partage, elle fut, d'après toute vraisem- blance, partagée assez également entre les deux frères. Charlemagne aurait eu la partie occiden- tale ; Caxloman celle qui se rapprochait davantage de ses Etats, la partie orientale. Ce dernier, par sa mort, laissa Charlemagne seul maître. Ce prince compléta l'œuvre de conquêtes , com- mencée par son père. La grandeur de l'empire des Francs fut portée, sous son règne, à son apogée ; Charlemagne donna même aux vastes contrées sur lesquelles il domina une apparente unité. Tous les pays de son royaume conservèrent le nom qu'ils avaient eu sous les Mérovingiens. Ainsi, l'on distingua encore la Thuringe, l'Austrasie, la Neustrie, la Bavière, l'Allémanie, la Burgondie, la Provence, la Septimanie, l'Aquitaine, la Vasconie. A ces provinces qu'il avait reçues de son père, il faut ajouter la Frise et la Saxe dont la conquête lui coûta si cher ; la Bretagne armoricaine qu'il subjugua et qu'il força à lui payer régulièrement un tribut pendant tout son règne; une partie de l'Espagne, ainsi que la Corse, la Sardaigne et les îles Baléares qu'il enleva aux Arabes; enfin, l'Italie qui ne tomba pourtant pas tout entière sous sa domination. Il est probable qu'il fut permis au duc de Bénévent de rester libre. Plusieurs villes des côtes appartenaient, dans le midi de cette contrée, aux Grecs qui exerçaient encore sur Venise une espèce de suzeraineté. Charlemagne porta ses armes à l'Orient jusqu'à Theiss, limite qui séparait son empire de celui des Avares. Pourtant les Slaves de l'Esclavonie entre la Save et la Drave ne furent que ses tributaires. Plusieurs peuplades du nord-est , les Obotrites, les Willz, les Sorabes, les Chèches et les Moraves lui payaient un tribut et conservaient leur indépendance. En 806, Charlemagne divisa son empire entre ses trois fils. Extrait du Capitulaire de Thlonvillc en S06 : « C. i. Il nous a plu de diviser l'empire que Dieu nous a conservé de la manière suivante : toute l'Aquitaine avec la Vasconie, excepté le pagus de Tours, tout ce qui, en ce pays, regarde l'occident et s'étend jusqu'à l'Espagne, la cité de Nevers, le pagus (région ou cité) d'Avalon (Aralensis), d'Alise {Alsensis), ceux de Châlon, de Màcon, de Lyon, la Savoie, la Maurienne, la Tarentaise, le Mont-Cenis, la vallée de Suse jusqu'à Clusœ, et, tout ce qui est en deçà des monts Italiques, en suivant cette chaîne, depuis ce point jusqu'à la mer, et tout ce qui est compris entre cette limite et l'Espagne, c'est-à-dire une portion de la Bourgogne, la Pro- vence et la Septimanie ou Gothie, formeront la part de notre fils Louis. «C. ii. La portion de l'Italie qui porte le nom de Lombardie, la Bavière telle que la possédait Tas- sillon , excepté les deux villes d'Ingolstadt et de Lutrahahof, et la portion de l'Allémanie qui est située sur la rive droite du Danube; prenant ainsi ce fleuve pour limite jusqu'à l'endroit où il se rapproche le plus du Rhin , puis remontant le cours supérieur du Rhin jusqu'aux Alpes d'où il sort : tout ce qui se trouve au midi et à l'est de ces limites avec le duché de Coire, nous le donnons à notre fils Pépin. « C. ni. Tout ce qui, dans notre empire, est en dehors de ces limites, la Frankia, la Bourgogne, excepté ce que nous avons attribué sur ce pays à Louis, l'Allémanie, excepté la portion donnée à Pépin , l'Austrasie (Austria) , la Neustrie, la Thu- ringe, la Saxe (Saxonia), la Frise et la portion de la Bavière appelée Northgaw, nous le concédons à notre fils Charles. » Le C. iv dispose des nouveaux partages éventuels en cas de mort d'un des trois princes. Etat de TEnipire de Cliarïeœffiagme eu 814. — Limites. — L'Empire comprenait: 1° les pays entièrement soumis et 2 e ceux qui n'étaient que. tributaires. Les limites réelles n'embrassaient que les possessions immédiates et le patrimoine de saint Pierre. C'étaient, à PO., au N. 0. et au N., la mer, l'océan Atlantique, l'océan Germanique et l'Eyder qui le séparait des Danois ; à TE., la mer Baltique, la Trave, une limite qui gagnait l'Elbe et remontait le fleuve jusqu'à son affluent avec la Sala, le cours de la Sala en la remontant jusqu'à sa source, les monts du Nordgau ou Monts de Bo- hème (Bœhmerwald) , le Danube dont elle descen- dait le cours jusqu'à son confluent avec le Raab, le cours du Raab jusqu'au 14 e méridien 0., une ligne qui, de ce point, gagnait la Save puis des- cendait son cours jusqu'à son confluent avec le Da- nube, qui descendait le Danube jusqu'à son con- fluent avec la Save, remontait la Save jusqu'à son confluent avec la Bosna, remontait la Bosna jus- qu'au deux tiers de son cours environ, gagnait la Narenta, descendait le cours de ce petit fleuve et re- joignait la mer Adriatique ; — En Italie, YAtemus ou Pescara, et le Liris ou Garighano; — la mer Méditerranée, et, en Espagne, l'Èbre, cours infé- rieur, ce qui comprenait la marche d'Espagne et les Pyrénées centrales et occidentales, ce qui em- brassait les marches de Gothie et de Vasconie et laissait en dehors la Navarre. — Les îles Baléares et la Corse étaient rattachées, les premières à la di- vision du royaume d'Aquitaine depuis 789, et, la seconde, au royaume d'Italie depuis 806. La Sar- daigne ne fut soumise, qu'en 815. Les peuples tributaires étaient, à l'O. : 1° les Slaves Wendes qui comprenaient les Obotrites, les Wiltz, les Sorabes, les Silésiens, les Bohèmes ou Tchèques et une partie des Moraves. La limite de cette région était l'Oder, au delà duquel on trou- vait des places libres, Lekhs ou Polonais, 2° les Avares ou Huns, soumis au tribut après trois cam- pagnes mémorables 788-796. Ces peuples étaient compris entre- le Raab et la Theiss et s'étendaient par conséquent sur les deux rives du Danube moyen. — En Italie : le duché