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GÉOGRAPHIE ANCIENNE. — N° 14. Le monde ancien. 150 av. J.-C. 829


résidence ; Theodosia, Phanagoria, colonies grec- ques, étaient les villes les plus commerçantes de cette contrée. Elles faisaient l'exportation des céréa- les et fournirent 1 80 000 médimnes de blé par an à Mithridate (24 360 000 litres) (Strabon, p. 258). Les populations côtières s'adonnaient à la piraterie, en- tre le Pont et la Colchide. Ka^àpai était le nom de leurs navires portatifs. Tilles de Colchide. — Dioscurias, entrepôt formi- dable où 300 tribus du Caucase venaient faire le commerce: Phasis, commerce de bois, de lin, de chanvre, de cire. La puissance militaire des peuples du Caucase était considérable. Les Albani levèrent 60 000 fan- tassins contre Pompée et 22000 cavaliers (Strabon, 431); Plutarque " dit 12 000 cavaliers seulement, c'étaient des dcv8pw7toi itdcMvs.t xal iz^£^ti StaçÉpovTeç (Strabon) . On faisait deux récoltes par an. En Ibé- rie, étaient des pâturages sur les bords du Kour. La fertilité en était extraordinaire (Strabon, p. 430). ÎO pont. — Ses rois étaient indépendants de- puis Ipsus (Mithridate VI commence à régner en 157). Bornes. — Petite Arménie, Colchide, Cappadoce, Galatie, Bithynie et la ville libre à? Héraclée politi- que ; une partie de la Paphlagonie devait être com- prise dans les États de Mithridate, Sinope était sa capitale. C'était une ancienne colonie grecque. C'est Mithridate VII qui ajouta toute la Paphlagonie (Strabon, p. 463). Culture. — La région à droite de YHalys , appe- lée Gazelonitis, était très-fertile. Les troupeaux produisaient une laine très-fine. — Le commerce de l'importation consistait en blé de Crimée, vins, huiles de l'Archipel, cire et poix de Colchide; ce- lui de l'exportation, en poissons salés, huiles de dauphin, toisons de l'Olympe. On ne saurait trop admirer le parti que Mithridate, très-bon écono- miste, sut tirer de tous ces pays. Il faisait venir des hommes du Caucase, du blé de Crimée, des vaisseaux des villes grecques. Il eut jusqu'à 400 vaisseaux à lui. vYiéç oixetat (Appien, de Bell., Mithr., 119), tirés des chantiers de Sinope, de Trapezus, de Ce- razus, de Cotyora,d'Amastris. 11 reçut 50 000 che- vaux des pays d'outre-Arménie et des haras de Mé- die (Polybe, v, 55). La Paphlagonie avait aussi de bons chevaux (Xénophon). Mithridate a eu jusqu'à 250 000 hommes sous les armes. Les mines des Chalybes, fer et argent (Strab., Xé- noph.), étaient très-renommées. •1*° Bithynie. — (Prusias règne jusqu'en 148; Nicomède II, 148-90.) Prusias avait été obligé de rendre tout à Attale , roi de Pergame , le favori des Romains. Les bornes de la Bithynie étaient la Galatie, le Pont, Pergame et Héraclée. Villes. — Nicomedia, Prusa, Nicsea, fondée par Antigone et Lysimaque et devenue capitale (Stra- bon, p. 484). Héraclée pontique était indépendante, même sous Mithridate le Grand (Strabon, 463) . Le mont Olympe était très-connu par ses troupeaux.

  • 8° Galatie. — 3 cantons; 3 peuples: Trocmi,

Tolistoboi, Tectosages. Ils occupaient les versants de l'Olympe. Ancyre était leur capiiale; Pessinus, la ville religieuse et commerçante. C'étaient les peu- ples les plus belliqueux de l'Asie (Polybe, vin, 24; — Tite-Live, xxxvn, 8). On trouve des détails intéressants sur ce pays dans la fameuse campagne de Manlius, en 188 (Tite-Live, xxxvm, '25). Nous y voyons les Trocmi et les Tectosages, ayant déjà perdu beaucoup de monde, mettre sur pied 50 000 fan- tassins et 10 000 chevaux (Tite-Live, xxxvm, 26). Ils étaient redoutés et détestés de tous; aussi la dé- faite des Gaulois rendit-elle les Romains populaires en Asie (Tite-Live, xxxvm, 36). Ces Gaulois furent contenus dans de justes limites à partir de 168. 13° lia Cappadoce avait été comprise dans la part d'Eumène après la mort d'Alexandre. Elle re- devint indépendante après Ipsus (301). En 150, Ariarathe VI (166-129) Philopator, allié des Ro- mains (Epit. , Tite-Live, xlvi) , la gouvernait. Bornes. — Lycaonie, au royaume de Pergame, Galatie, petite Arménie, Pont, Sophène, Coma- gène, Cilicie. Ces trois derniers pajs dépendaient du royaume de Syrie. La Cappadoce ne fut province romaine que sous Tibère (Strabon 458). Capitale, Mazaca. L'alliance romaine lui coûta 600 talents en 188 (Tite-Live, xxn, 27), 300 d'après Polybe (xxxii, 3). Ce pays produisait du froment, du Dé- tail , et avait de nombreux pâturages. 14° le royaume de Pergante avait été fondé par Philétère , en 279. Outre l'État proprement dit, ce royaume comprenait les deux Phrygi.es, la Ly- caonie, une partie de la Mysie et la Lydie. Il est probable qu'une partie des États attribués par le sénat au royaume de Pergame échappait à sa do- mination. On voit, par l'expédition de Manlius, que les peuples, c'est-à-dire les cités de la Pisidie, de la Pamphylie, de la Lycaonie et de l'Isaurie jouis- saient de leur autonomie. Il n'y avait entre ces peuples aucun lien, aucune unité. Ils avaient été at- tachés à la domination d'Eumène uniquement par le tribut, selon l'usage asiatique. Les villes grecques étaient à peu près indépen- dantes. Eumène dit aux Romains : « Si les Rho- diens réclament l'indépendance des villes grecques, c'est pour y faire prédominer leur influence com- merciale. » (Polybe, xxn, 5.) Les villes grecques, affaiblies à cette époque, sont tombées dans une décadence complète. La plus importante de ces villes était Éphèse (Polybe, xvin, 32; Strabon, 548); Milet et Clazomène en- voient des ambassades à Rome (Polybe, xxvm, 16) , marque certaine d'autonomie. Les villes grecques ont toujours consenti au tribut pour échapper à la domination politique. Cyzique, avec son port fermé et ses 200 loges de navires, était libre. Elle l'était encore sous Auguste et Tibère (Strabon, p. 492). Apamea était la seconde place de commerce de l'Asie Mineure. Elle était libre, mais tributaire de la Bithynie ; dus fit un traité avec les Rhodiens ; Priapus, Parium, Lampsaque, Mitylène, An- tissa, ports; Élée , port de Pergame. Les 12 villes ioniennes ne sont plus rien, sauf Phocée, avec le Nausthathmon et leLampter, ses deux ports; Smyrm qui n'a jamais été nulle à cause de son commerce de laines, ni Milet à cause de sa pourpre. Il faut citer aussi le port de pirates de Side, en Pamphylie. Les pirates y avaient encore des vaur.YJYÏa au temps de Strabon (p. 567) . Il est certain que la marine, comme l'armée des rois de Pergame, ne représente guère que les res- sources locales de ce petit royaume. L'armée d'Eu- mène, en 189, compte 2000 hommes (Tite-Live, xxxvn, 8); il envoie 4000 hommes au secours des Romains en 171 (Id., xui, 55); or, la seule ville d'Alexandrie en Troade mettait sur pied 4000 hom- mes (Polybe, v, 111). Elenna et Aspendris, villes de Pamphylie et de Pisidie, arment 8000 et 4000 hommes. L'autorité centrale était sans action pour obtenir des troupes Ainsi, les rois de Pergame avaient de grandes ri- chesses et point d'armées, beaucoup de tributaires et point de sujets, des États fort étendus et point de pouvoir. La politique romaine faisait de ses alliés, en Asie, des percepteurs provisoires d'impôts et des sentinelles avancées de sa conquête prochaine. Il fallait que l'autorité centrale fût nulle au point de vue politique et militaire. C'est pour cela qu'on en fit des amis. Les motifs contraires firent de Mithridata un ennemi.