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826 GÉOGRAPHIE. — EXPLICATION DES CARTES.

L'Espagne Ultérieure comprenait les Lusitani, les Vaccæi (Léon), les Vettones (Estramadure), et la Bétique : Turduli, Turdetani.

Limites : Durius (Douero), laissant les Vaccæi à droite, les Carpetani à gauche, de manière à gagner Urci (Almeria).

Le mot provincia, employé par Tite-Live, a été expliqué par Mommsen : il a, le plus souvent, le sens de département ou commandement militaire et n'implique pas de limites géographiques.

C'est en 197 que les deux Espagnes furent données à des préteurs désignés par le sort (Tite-Live, xxii, 28).

La Lusitanie fut soumise en 138 ; les Gallæci en 136; — 10 commissaires furent envoyés après la prise de Numance (Appien de Reb. Hispan. chap. 99).

Sous Auguste seulement, l'Espagne comprit trois provinces. L'origine de cette division remonte à l'an 49 ; en effet, l'auteur du De bello civ. (I, 38) parle des trois commandements établis en Espagne : Afranius, en Espagne Citérieure ; Pétréius, en Bétique, et Varron, en Lusitanie. Sous les ordres du préteur, était un quœstor pro prætore. La condition des municipes et des campagnes sous l'administration républicaine des préteurs fut malheureuse.

Villes : Castulo, dans le pays des mines, v. carthaginoise ;

Certima (sources de la Guadiana), imposée à 2 400 000 sesterces par T. Sempr. Gracchus (Tit.- Liv., xl, 47);

Marcolica, à 10 000 000 de sest. (Tit.-Liv., xlv, 4) ;

Seguntia, dépôt et arsenal des Celtiberi (Tit.-Liv., xxxiv, 19) ;

Numance, détruite.

Le nord avait été ruiné et presque dépeuplé par la guerre. Le sud, plus épargné , car il y avait encore 200 villes en Turdétanie au temps de Strabon (III, c. ii, § 1, p. 116.

La Bétique avait été le Pérou des Phéniciens (Heeren). On connaît la facilité des anciens à remonter les fleuves d'Espagne :

Le Bætis, jusqu'à 1200 st. ou 220 kd. (Strab., III, il, 3, p. 117) ; le Durius et le Minius, à 800 st. ; le Tagus, l' Anas, un peu moins haut (Id.).

La côte intérieure, des Colonnes d'Hercule à Tarraco n'avait que peu de ports naturels, mais les ports phéniciens étaient creusés dans le rocher, comme à Tyr, à Carthage et à Utique.La fameuse lartessus n'était pas un port, mais une région. Gades, grande exportation de blé, devin, d'huile et de cire, de miel, de laine, de métaux, de salai- sons (Strab., III, ii).

Elle entretenait des relations avec Rome par Ostie Dicsearchia et l'Afrique ; Mellaria, Belon, Ménesthée, petits ports voisins.

Calpe et Carteia, arsenaux ; Malacea, salaisons ; la Ville des Sexitains , Έξιτανών πολιζ, salaisons (Strab., Galien, Martial) ;

Carthagène, rebâtie par les Romains après la ruine de Carthage, florissante au temps de Strabon ; métaux et salaisons (III, iv, § 6. Ed. Didot.) ;

Hemeroscopium, ville grecque, et, près de là, les forges de Dianium, ancienne origine. Travail du fer espagnol, très-vanté (Polybe, XIX, ii) ; Sagonte, ruinée); Tarraco, pas de port (Strab.). Cependant, Tite-Live dit Tarraconis portus ; Empurium, ville marseillaise et phénicienne, mixte, avait un quartier pour chaque peuple ; Rhoda, ville grecque ; Ruscino, ville phénicienne.

Ressources militaires exceptionnelles en Espagne : de l'an 200 à l'an 175 av. J. C. ; en 25 ans, les pertes supportées par ce pays furent de 317 700 h. Les Celtibériens (partie de l'Aragon et de la Castille vieille) figurent pour le chiffre de 163 700 h., perdus dans ces 25 ans.

Les Espagnols étaient guerriers et pasteurs au N.


Ils étaient surtout agriculteurs au S. et à l'O ; industriels sur la côte[1]. — Grande exportation de laine confectionnée.

Commerce général : importation à peu près nulle, exportation considérable.

La conquête romaine marque une période de déchéance dans le commerce.

Les articles d'exportation sont mentionnés plus haut.

Produit des mines : 40 000 ouvriers étaient occupés aux mines de Carthagène, au temps de Polybe (XXXIV, c. ix, fragment), au Mons Argenteus. De 206 à 174, 767 695 livres d'argent furent portées aux triomphes des généraux romains.

Les îles Baléares furent soumises par Metellus Balearicus, en 125 ; elles étaient fertiles, Minor surtout. Les Phéniciens formaient le fond de la population. On y faisait l'élève des mulets (Diodore, V, xvii), et l'on tirait de la laine des troupeaux.

Le port d' Ebusus (Iviça), seule ville importante (Diod., V, xvi), fut vainement assiégé par les Romains. — Arsenal.

Frondeurs {Voy. Strabon ; détails intéressants : 3 espèces de frondes; III, v, 1, p. 139).

2° Gaule[2] Les Celtes formaient le fond de la population ; on y voyait aussi des Kymris ou Germains (Belges), et des Ibères, ainsi que des Grecs dans le S.

Colonies grecques : le Μασσαλιωτικόζ παράπλουζ s'étendait jusqu'à Portus Herculis Monæci (Monaeo).

Marseille était dans toute sa gloire en 133 ; le commerce de cette ville n'était pas en rivalité avec celui des Phéniciens ; c'était plutôt un auxiliaire. « Les Marseillais, dit Polybe, ne peuvent donner aucun renseignement sur la Bretagne. » Cependant, l'étain des Cassitérides traversait la Gaule en 30 jours et arrivait à Marseille (Diod., liv. V, chap. xxii).

Tauroentum (ruines près de la Ciotat) ; Olbia ; Athenopolis et Antipolis (Antibes) ; Nicœa (Nice) ; Rhodanusia, Heraclea, à l'embouchure du Rhône ; Agathapolis (Agde).

Intérieur. Les divisions étaient ethnographiques ; mais peu de villes, beaucoup de bourgades, d' oppida, de routes; grand commerce et navigation facile. Au S. : Narbo ; Polybe la cite comme très-importante (XXXIV, x): Nemausus, ville très-ancienne.

Agriculture : céréales , oliviers, figuiers, pâturages, mines citées par Posidonius.

Commerce : Exportation; laine, étoffes (Diodore), métaux, porc sale.

Population très-belliqueuse. Les rois des Arvernes Bituitus et Luernius réunirent sous leurs ordres toute la Gaule. (Posidonius, cité par Strab., IV, ch. {sc|ii}}, § 3.)

Les Allobroges et les Arvernes ont de nombreux combattants dans les guerres de Fabius Maximus et de Domitius (Epitome de Tite-Live).

Ressources militaires. Strabon (t. IV, ch. ii, § 3 ; p. 159) montre, d'après Posidonius, que la Gaule avait fait un armement semblable à celui de Vercingétorix, sous ses ancêtres Bituitus et Luernius. Elle pouvait mettre 300 000 hommes sur pied très-facilement. Elle possédait de grandes richesses et des monnaies d'or. En 183, les Gaulois se plai-

  1. 1. Voy. le passage de Polybe sur la Lusitanie : 52 litres d'orge (médimne), valaient 1 drachme (90 cent, du poids de notre monnaie) ; 1 médimne de froment, 2 oboles (27 c) ; à Paris, les 52 litres valent aujourd'hui, 16 fr. Une amphore de vin (25 litres) coûtait une drachme ; un lièvre, une obole (15 cent.) ; un agneau, de 3 à 4 oboles (Polyb. XXXIII, 9.)
  2. 2. Pour la géographie détaillée de ce pays, voyez les tableaux et cartes 16. 17 et 18. Nous ne nous occupons guère ici que du littoral.