Page:Bouillet - Atlas universel, 1865.djvu/788

Cette page n’a pas encore été corrigée
774 ÉLÉMENTS DE L'ART HERALDIQUE.


souvent posé sur sa base. Vertenelle ou bris d'huis, bande de fer servant à soutenir une porte sur ses gonds. La mitre des évêques se pose de front. Une crosse se met en pal, 2 en sautoir. Manipule, ornement ecclésiastique, que portent sur le bras les prêtres à l'autel. Housseau ou houssette, sorte de bottine anciennement en usage parmi les gens de guerre ; elle est éperonnée lorsque l'éperon est d'un autre émail. Manche mal taillée, sorte de figure se rapprochant de la forme d'un M.

Figures chimériques. Elles sont pour l'ordinaire celles d'animaux fantastiques empruntés à la mythologie païenne. La tendance du moyen âge à considérer les choses sous un aspect merveilleux a fait adopter beaucoup de ces figures. Nous donnons ici les plus ordinaires. L'aigle éployée, dont la tête et le cou sont séparés en deux et figurent 2 têtes, dont l'une est contournée à dextre et l'autre à senestre. Le dragon, animal qui a la tête d'un lion, les serres d'un aigle, le corps et la queue d'un serpent, celle-ci terminée en dard, et des ailes de chauve-souris ; la langue sort de sa gueule et a aussi la forme d'un dard ; il y a des dragons à figure humaine, on les nomme alors monstrueux. Le griffon a le haut du corps d'un aigle et le bas d'un lion ; il est rampant et de profil. Le phénix se représente de profil, les ailes éployées, sur un bûcher dit immortalité. La salamandre, sorte de lézard que l'on figure au milieu des flammes. La licorne, cheval avec une corne sur le front, une barbe de chèvre et des pieds fourchus ; elle symbolise l'innocence. Le lion dragonné a le haut du corps du lion et le bas du dragon. Le lion mariné a le corps terminé en queue de poisson. Vamphiptère est un serpent ailé. Le diable, que l'on figure avec des cornes, des ailes de chauve-souris et une queue. Le centaure est un homme dans sa partie supérieure et un cheval dans sa partie inférieure ; lorsque le corps se termine en taureau, la figure est dite minautaure ; il est armé d'une massue ; s'il tire de l'arc, on le nomme sagittaire. La chimère a le buste d'une femme, les pattes de devant d'un lion, le reste du corps d'uu griffon et la queue d'un serpent. La harpie a aussi un buste de femme, les ailes, les serres et la queue d'un aigle. La sirène ou mélusine est une femme dont le corps se termine en queue de poisson ; elle tient ordinairement un miroir dans lequel elle se regarde. Le sphinx a le buste d'une femme, et le reste de son corps est celui d'un lion.

Brisures. Les branches d'une même famille se distinguent entre elles par des modifications apportées aux armoiries de la tige principale ; on appelle ces modifications brisures. Les bâtards des maisons nobles étaient tenus d'en porter une dans leurs armes. Les meilleures brisures sont celles qui, altérant moins les armes.primitives, les conservent reconnaissables. La brisure s'opère de plusieurs façons : 1° par le changement des émaux en conservant les pièces ; 2° par le changement des pièces en conservant les émaux ; 3° en changeant la position des pièces, en en accroissant ou en en diminuant le nombre ; 4° par les partitions et les écartelures. Le lambel, la bordure, le bâton péri, le canton sont. les pièces le plus ordinairement employées pour brisures.

Ornements extérieurs des armoiries. Casques ou heaumes. Avant que l'usage des couronnes se fût généralisé, on se servait de heaumes pour timbrer les écussons. Avant le xve siècle le heaume n'était qu'un ornement ; il se posait de profil sur la pointe senestre de l'écu ; mais bientôt s'introduisit l'usage de ne plus incliner l'écu, mais de le poser d'aplomb et de faire servir le casque à désigner le rang des personnes. On imagina, dans ce but, quelques règles, qui furent généralement assez bien

observées. Le heaume des souverains est d'or, damasquiné, taré (posé) de front, la visière relevée et sans grille ; le heaume des princes et ducs souverains est semblable au précédent, sauf qu'il est moins ouvert ; il pouvait être fermé de 11 grilles. Le casque des ducs, marquis et grands officiers de la couronne est d'argent, damasquiné et bordé d'or, taré de front et fermé de 11 grilles ; celui des comtes, vidâmes et vicomtes est en argent à 9 grilles d'or, les bords de même et taré au tiers. Le heaume des barons est d'argent à 7 grilles d'or, les bords de même et taré de 3 quarts ; celui des gentilshommes anciens qui ont rang de chevaliers ou qui occupent quelque charge importante, est d'acier poli, garni d'argent à 5 grilles de même et taré de profil. Le gentilhomme des trois races, paternelles et maternelles, a un heaume en acier poli, taré de profil, la visière relevée, à 3 grilles ; les nouveaux anoblis en ont un en acier poli, taré de profil à dextre, la visière entr'ouverte ; le heaume des bâtards est en acier poli, la visière baissée ; il est tourné à senestre.

Couronnes. A l'exemple du souverain, tous les nobles titrés prétendaient orner leur casque d'une couronne : alors s'introduisit la coutume de réunir ces deux ornements ; elle est abandonnée depuis longtemps. L'usage de surmonter l'écu d'une couronne a prévalu sur celui d'y mettre un casque, quoique ce dernier ne soit pas tout à fait abandonné. L'usurpation par des nobles de couronnes que leur titre n'autorisait pas à porter a été réprimée par plusieurs édits et ordonnances de nos rois ; mais cet abus s'est renouvelé depuis, à ce point qu'on pourrait croire que les règles établies n'existent plus et qu'elles ont été remplacées par la fantaisie.

La tiare est la couronne des papes ; elle se compose d'une toque d'or surmontée d'un globe terrestre orné d'une croix, symbole du souverain de tous les peuples catholiques. La toque est environnée d'une triple couronne formée de fleurons alternés avec des perles et ornée de pierres précieuses. Ces trois couronnes indiquent, la première le titre de souverain sacrificateur, la deuxième celui de grand juge, la troisième celui de législateur des chrétiens. Deux cordons, semés de croisettes, pendent de l'intérieur de la tiare. La couronne impériale de Charlemagne était ornée de fleurons de perles et de pierres précieuses ; celle des empereurs d'Allemagne est formée d'un cercle supportant un diadème surmonté du globe terrestre et d'une croix de perles. La couronne de l'empereur Napoléon Ier était composée de demi-cercles formés par une aigle impériale les ailes étendues ; elle était surmontée du globe traditionnel. La couronne royale de France était formée d'un cercle d'or orné de pierres précieuses surmonté de 8 fleurs de lis supportant un égal nombre de demi-cercles perlés se réunissant au sommet de la couronne par une fleur de lis double. Les rois des autres pays de l'Europe ont remplacé les fleurs de lis par des fleurons ; les branches de la couronne sont surmontées d'un globe et d'une croix. C'est cette couronne qu'avait adoptée Louis-Philippe comme roi des Français. A la couronne des rois d'Angleterre les fleurons sont remplacés par des croix pattées et les branches surmontées d'un léopard. Ces croix ont remplacé les fleurs de lis qui, pendant longtemps, ont figuré sur la couronne d'Angleterre, en souvenir de ses prétentions sur la royauté de France. Les dauphins de France portent la couronne royale fermée par 4 dauphins ; les enfants de France ont le cercle d'or surmonté de 8 fleurs de lis ; poulies autres princes du sang, les fleurs de lis, au nombre de 4, sont alternées par 4 fleurons. Les princes de l'Empire timbrent leurs armoiries d'une toque écarlate, rehaussée d'hermine et fermée, en forme de couronne, par 4 demi-cercles perlés et surmontés d'un globe et d'une croix. La couronne de