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56 CHRONOLOGIE. — NOTIONS PRÉLIMINAIRES.

Calendriers modernes.

Le calendrier de Jules César a servi de base à celui de tous les peuples chrétiens jusqu'à l’époque où le pape Grégoire XIII accomplit la réforme du calendrier, dite Réforme grégorienne. Dans le calendrier Julien on avait attribué à l’année solaire une durée de 365 jours et un quart ; on la supposait donc trop longue de 11', 12" environ. Il en résultait que l’intercalation d’un jour bissextile tous les quatre ans était trop forte de près de trois quarts d’heure dans cette durée de quatre ans ; ce qui produisait une erreur d’un jour en 128 ans et demi. En 1582, l’équinoxe du printemps arriva le 11 mars, en retard de 10 jours. Pour rétablir l’harmonie entre l’année civile et le cours du soleil, le pape Grégoire XIII prescrivit de rejeter 10 jours de l’année 1582, qui ne fut plus que de 355 jours. Ces jours supprimés furent ceux qui étaient compris entre le 5 et le 14 octobre, en sorte qu’après le 4 octobre on compta immédiatement le 15. Et pour empêcher que, par la suite des siècles, les 11' 12" qui étaient toujours de trop dans l’année julienne, et dont cette année anticipait sur l’année tropique, ne formassent de nouveau des jours entiers, il fut établi que trois années séculaires, qui d’après le calendrier julien devaient être bissextiles, seraient communes, et que dans la quatrième année séculaire seulement on intercalerait un jour. Ainsi les années 1700 et 1800 n’ont été que de 365 jours, il en sera de même en 1900 ; mais l’année 2000 sera bissextile, comme elle doit l’être d’après le calendrier julien.

Tous les peuples de l'Europe n’adoptèrent pas en même temps le nouveau calendrier. Les peuples protestants résistèrent fort longtemps ; enfin ils cédèrent en 1700. Les Anglais conservèrent l’ancien calendrier jusqu'en 1752. De là l’emploi des deux styles chez les historiens. On écrivait les deux dates comme une fraction ; le numérateur indiquait l’ancien style et le dénominateur le nouveau. Par exemple : 24/14 août voulait dire le 14 août, vieux style, correspondant au 24 du nouveau ; le 30 aoüt/8 sept. Le 30 août, vieux style, ou le 8 septembre du nouveau. Les Russes suivent encore le calendrier julien et il en résulte qu’ils se mettent de plus en plus en arrière d’un jour sur le calendrier grégorien, en continuant à compter les bissextiles séculaires supprimées dans le nouveau style. Ainsi, en 1582 rétrogradation fondamentale de 10 jours ; en 1600, la bissextile subsista dans les deux styles ; en 1700 et 1800, la bissextile fut supprimée dans le calendrier grégorien et conservée par les Russes ; ceux-ci sont donc aujourd'hui en arrière de 12 jours sur le style julien, et il en est de même des Grecs.

Au moyen âge, on n’eut que des calendriers généraux ou perpétuels, pouvant servir, certaines données étant connues, pour toutes les années. Ces calendriers se composaient de 4 colonnes renfermant : la 1e, la série des jours du mois désignés par les nombres 1, 2, 3, etc. ; la 2e, la série des lettres dominicales, commençant par A pour le 1er janvier ; la 3e, la suite des nombres d’or ; la 4e les fêtes fixes de l’Église. Avec un calendrier ainsi disposé, il suffisait de connaître la lettre dominicale et le nombre d’or d’une année pour construire le calendrier civil et religieux de cette année. Le premier almanach vulgaire est celui de l’année bissextile 1636, composé par Mathieu Laensberg, à Liège. On n’a conservé presque aucun renseignement sur la vie de ce personnage. On croit qu’il était chanoine à Liège, mais son nom manque dans la liste des chanoines de cette ville depuis 1600. Cependant les almanachs de ce genre ne devinrent communs qu’au 18e siècle. Dans les dernières années de ce siècle parut l' Annuaire du bureau des longitudes, qui, depuis 1798, sert de règle


à tous nos calendriers. Cet Annuaire est extrait de la Connaissance des temps, recueil publié pour la première fois en 1679, par l'Académie des sciences.

Un calendrier ordinaire ou annuel renferme : 1° le quantième, ou l’ordre des jours pour chaque mois, commençant par le mois de janvier ; 2° les noms des jours de la semaine ; 3° les saints et fêtes pour chacun de ces jours ; 4° les diverses indications relatives soit à l’augmentation ou à la diminution des jours dans chaque mois et aux phases de la lune, soit au comput ecclésiastique. On entend par cette dernière expression l’ensemble des calculs qui ont pour but de régler les époques des fêtes mobiles. Le comput ecclésiastique a pour bases : le Nombre d’or, l’Épacte, le Cycle solaire, l’Indiction et la Lettre dominicale.

Nombre d'Or. On désigne ainsi le nombre qui sert à indiquer le rang qu’occupe une année donnée dans le cycle lunaire de 19 années, inventé par l’astronome athénien Méton et qui a été adopté par l’Église pour la fixation- de la fête de Pâques. Ce nombre a été appelé nombre d’or, soit parce que les Athéniens, pleins d’admiration pour la règle de Méton en firent graver le calcul en lettres d’or sur les murs du temple de Minerve, soit par ce que ce nombre était indiqué en lettres d’or dans les anciens calendriers juliens. Pour trouver le nombre d’or d’une année proposée, ajoutez 1 à cette année, ensuite divisez la somme par 19, et le reste de la division sera le nombre d’or cherché. On ajoute 1 à l’année proposée, parce que l’année de la naissance de J. C. était la seconde d’un cycle lunaire.

Épacte (du grec έπακτόζ, ajouté, complémentaire). On appelle ainsi le nombre de jours dont la nouvelle lune précède le commencement de l’année. Ce nombre donne l’âge de la lune au 1er janvier de chaque année solaire. Ainsi quand on dit que l’épacte de l’année 1866 est 14, cela veut dire que la lune avait 14 jours, quand cette année a commencé.

Cycle solaire. Le cycle solaire est une période de 28 ans ; c’est le produit de 7 par 4, des jours de la semaine par le retour des bissextes. Cette période ramène les mêmes quantièmes du mois aux mêmes jours de la semaine. Pour calculer cette période, que l’on suppose commencer à l’an 9 av. J.-C, on ajoute 9 au millésime de l’année en question, on divise le tout par 28, et le reste est le nombre indiquant le rang de cette année dans le cycle solaire courant ; le quotient marque le nombre de cycles solaires écoulés jusqu'au moment actuel.

Lettres dominicales. Les lettres dominicales, que les premiers chrétiens avaient mises à la place des lettres nundinales des Romains, sont les premières lettres de l’alphabet, au nombre de sept, parce qu’il y a sept jours dans la semaine. Elles sont disposées par ordre régulier vis-à-vis des quantièmes de chaque mois dans le calendrier perpétuel, depuis le 1er janvier jusqu'au 31 décembre. Elles marquent successivement les dimanches, la lettre A vis-à-vis du 1er janvier, la lettre B vis-à-vis du 2, la lettre C visà-vis du 3 et ainsi de suite ; ce qui veut dire que quand la lettre dominicale est A, alors le 1er janvier est un dimanche ; quand elle est E, c’est le 5 janvier qui est un dimanche. Dans les années bissextiles, il y a deux lettres dominicales, dont l’une sert depuis le 1er janvier jusqu'au 1er mars, et l’autre depuis cette époque jusqu'à la fin de l’année. La lettre dominicale change chaque année ensuivant un ordre rétrograde, c.-à-d. que si G, par exemple, est la lettre dominicale d’une année, F sera celle de la suivante. A chaque cycle de 28 ans ou cycle solaire, les lettres dominicales se représentent dans le même ordre. Il suffisait donc, du moins dans le calendrier julien, de connaître la lettre dominicale d’une année pour trouver facilement celle d’une année quelconque, et par conséquent pour fixer toutes les fêtes de l’année. Depuis l’an 1 de notre ère jusqu'en 1583, chaque 10e année du cycle de 28 ans a pour lettre dominicale B, mais de 1583 à 1599, elle devient E ;