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2 CHRONOLOGIE. — NOTIONS PRÉLIMINAIRES.


II. Eres comprises entre la création et Jésus-Christ.

Ère des Olympiades. L’olympiade était un cycle de quatre années qui s’écoulaient entre deux célébrations des jeux olympiques, jeux institués en l’honneur de Jupiter. Ces jeux, dont le premier établissement est attribué a Hercule, avaient été rétablis en 884 av. J.-C. par Iphitus, roi d’Élide : mais ce n’est qu’à partir de l’an 776 av. J.-C. qu’ils furent célébrés régulièrement et qu’ils purent devenir la base d’une chronologie.

Ce fut cette année que l’on inscrivit pour la première fois le nom du vainqueur sur les registres publics : ce vainqueur se nommait Corœbus. Les jeux olympiques se célébraient entre la nouvelle et la pleine lune qui suivait immédiatement le solstice d’été. C’est du moins ce qui eut lieu depuis l’époque où fut trouvé le cycle de Méton. Auparavant, le premier mois de l’année olympique commençait tantôt à la pleine lune qui suivait immédiatement le solstice d’été, tantôt à celle qui précédait ce même solstice, par la raison que l’année grecque avait quelquefois 384 et plus ordinairement 354 jours, suivant que l’année était ou non intercalaire. (Voy. ci-après les détails sur le calendrier athénien.) Nous savons par Censorin que le onzième jour de la lune qui suivait le solstice d’été était celui par où débutait l’année olympique. Or, si l’on applique les calculs astronomiques à l’année 776, on trouve que cette année a dû commencer le 18 juillet de l’année julienne. C’est sur cette base qu’est dressée la table des années olympiques que l’on trouve dans l'Art de vérifier les dates av. J.-C, table que nous reproduisons ci-après.

On comprend, du reste, que ces calculs sont fort hypothétiques : en effet, le cycle des olympiades a dû subir l’influence de toutes les perturbations qu’a éprouvées l’année grecque elle-même, et la longueur de l’année olympique a dû varier avec l’introduction successive des différents cycles, tels que l’octaétéride, l’ennéadécaétéride, etc.

On croit que l’historien Timée, qui vivait en Égypte sous les Ptolémées, est le premier qui ait conçu l’idée de rapporter les événements aux olympiades. Après lui, Polybe, Diodore, etc., en ont fait usage. On s’est servi des olympiades jusqu'à la fin du règne de Théodose le Grand. La dernière est la 294e, dont la 4e année correspond à l’an 400 ap. J.-C. On les avait remplacées par l’Indiction (voy. notre Dict. univ. d’histoire et de géographie).

Quoique nous donnions ci-après une table de concordance des années olympiques avec les années av. J.-C, nous allons faire connaître la méthode de réduction des olympiades à l’ère chrétienne et réciproquement.

Réduction des Olympiades en années av. J.-C. On diminue d’une unité la quantité des olympiades donnée ; le reste est multiplié par 4 ; au produit on ajoute les années de l’olympiade donnée, moins une ; cette somme est déduite de 776 ; le reste égale l’année av. J.-C. Exemple : Olympiade LXXII, 3 = 776 -(72 - l) x 4 + (3 - l) = 490 av. J.-C.

Réduction des olympiades en années ap. J.-C. On diminue d’une unité la quantité d’olympiades donnée ; le reste est multiplié par 4 ; au produit on ajoute l’année courante de l’olympiade ; de la somme on soustrait 776 : le reste donne l’année ap. J.-C. Exemple : olympiade CCLIX, 4 = (259 — 1) X 4 + 4 - 776 = 260 ap. J.-C.

Réduction en olympiades d’années av. J.-C. L’année donnée, diminuée d’une unité, est soustraite de 776 ; le reste est divisé par 4 ; le quotient donne les olympiades écoulées, et le reste, s’il y en a, l’année courante de l’olympiade courante. Exemple :

av. J.-C. 490 = 776 – (490 – 1) / 4 = 71 + 3 = ol. LXXII,3.


Réduction en olympiades d’années ap. J.-C. L’année donnée ap. J.-C. est ajoutée à 775 ; la somme est divisée par 4 ; le quotient égale les olympiades écoulées, et le reste, s’il y en a, augmenté d’un, donne l’année courante de l’olympiade courante. Exemple :

ap. J.-C. 260 = 260 + 775 / 4 = 258 + 3 = ol. CCLIX, 4.

Ère de la fondation de Rome. Les auteurs anciens sont loin de s’accorder sur la date de la fondation de Rome. Tacite semble la fixer à une époque qui répond à l’an 762 av. J.-C ; Varron la rapporte à l’an 753 ou 754 ; Caton à l’an 752, ainsi que Denys d'Halicarnasse, Polybe à 750, Fabius Pictor à 747, etc. Tite-Live suit presque toujours l’époque de Caton, quoiqu'il adopte quelquefois celle de Fabius Pictor. Cicéron suit celle de Varron, qui est presque toujours admise par Pline.

Nous avons dit que Varron rapportait la fondation de Rome à l’an 753 ou 754. Voici la raison de cette légère différence. D’un côté, une année olympique correspond à deux années juliennes ; de l’autre, il est convenu que Rome fut fondée le 21 avril, jour de la fête des Palilies. Or, Varron dit lui-même que l’an 1 de Rome correspond à la 3e année de la 6e olympiade ; il est donc évident que, suivant la précision chronologique, la fondation de Rome appartient aux six derniers mois de l’année olympique en question, ou à l’an 753 av. J.-C. Cependant, comme la 3e année de la 6e olympiade a commencé en 754, quelques chronologistes ont cru pouvoir rapporter à cette année la fondation de Rome, en ayant en vue moins l’instant précis où cet événement s’est accompli que le jour initial de l’année olympique. Quoi qu’il en soit, la plupart des chronologistes modernes ont adopté la date donnée par Varron, mais en la fixant à l’année 753. Elle a été suivie par l' Art de vérifier les dates av. J.-C, et c’est celle que nous avons adoptée pour la table de concordance des années de Rome avec les aimées av. J.-C.

Réduction des années de Rome en aimées avant ou après J.-C. Si l’an de Rome est plus grand que 753, on en déduit 753 ; le reste donne l’année après J.-C. S’il est plus petit, on le diminue d’abord d’une unité, et l’on déduit ce reste de 753 ; le reste donnera l’année avant J.-C Exemple :

An de Rome 839 = 839 — 753 = 86 ap. J.-C

An de Rome 716 = 753 — (716 — 1) = 38 av. J.-C.

Réduction des années avant ou après J.-C en années de Rome. Si l’année donnée est avant J.-C, on la déduira de 754 ; le reste donnera l’an de Rome ; si l’année donnée est ap. J.-C, on y ajoutera 753. Exemple :

An avant J.-C. 49 = 754 — 49 = 705 de Rome.

An après J.-C. 86 = 86 + 753 = 839.

III. Ère chrétienne.

Pendant plus de cinq siècles, les Chrétiens n’eurent point d’ère particulière. L’ère chrétienne fut proposée pour la première fois en 532, par un moine de l’Église romaine, né en Scythie, et nommé, à cause de sa très-petite taille, Denys le Petit. Denys supposa que Jésus-Christ était venu au monde le 25 décembre de l’année de Rome 753. L’année suivante, l’année 754 de Rome, devint ainsi la première de l’ère dite, de son nom, Dionysienne. Selon la chronologie vulgaire, cette année coïncide avec l’an 1er de la 195e olympiade, qui serait l’an 4005 du monde suivant Ussérius, ou 4964 suivant l'Art de vérifier les dates avant J.-C. Son commencement était postérieur de 7 jours à la vraie date de la naissance.

IV. Ères postérieures à l’ère chrétienne.

Ère de l'Hégire. Cette ère, suivie par tous les peuples musulmans, fut établie pour conserver le