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CHEZ L’ÉMIR DU KAINAT

Par Soosp, Sahalabad, Ser-Bicheh[1], Mood, nous atteignons Birdjend au soir du 7 janvier.

Ici nous entrons en relations immédiates avec les autorités ; dès le premier jour c’est au consulat russe, où nous logeons, un défilé ininterrompu de seigneurs en tenue de cérémonie : le directeur de la poste, le colonel chef du télégraphe, le kargouzar[2], les deux médecins indigènes et, pour clore la série, le moustaphi — aide de camp du gouverneur — qui nous apporte de la part de son maître une ribambelle de cadeaux[3].

En échange l’Émir sollicitait la faveur d’une visite et ce n’était pas le plus drôle. Il fallut pourtant faire contre mauvaise fortune bon cœur et le lendemain, dans le landau de son Excellence, nous galopions à une allure folle, parmi la plus brillante escorte, vers le castel princier.

Chauket el-Moulk (Gloire de la Contrée) est un homme de vingt-cinq ans, à l’allure fine et aristocratique ; son accueil fut des plus simples et des plus aimables. Très cultivé, il semble goûter particulièrement la littérature française représentée en Perse par la traduction de ces deux seuls ouvrages : « la Dame aux Camélias » et « les Trois Mousquetaires »…

Vers quatre heures nous pouvions enfin nous

  1. C’est à Ser-Bicheh que l’hiver nous surprend. Pendant les deux nuits que nous passons dans ce village, le thermomètre descend à —10°.
  2. Fonctionnaire chargé des relations avec les consuls.
  3. Je ne résiste pas au plaisir d’énumérer ici la liste de ces présents magnifiques, la voici dans sa simplicité : 2 moutons, 5 poulets, 1 jarre remplie de beurre, 2 sacs de riz, 1 ballot de thé, 8 pains de sucre et 10 plateaux garnis de pâtisserie.
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