Page:Bouillane de Lacoste - Autour de l'Afghanistan (aux frontières interdites), 1908.pdf/389

Cette page a été validée par deux contributeurs.
NOËL AU CONSULAT BRITANNIQUE

au son d’une musique militaire persane, prêtée par le gouverneur. Quelques misérables pouilleux, aux uniformes en lambeaux, soufflent désespérément dans des trombones bosselés, informes, tandis que d’autres, à tour de bras, s’escriment sur la grosse caisse et le tambourin. Nos baraques foraines n’ont jamais rien inventé d’aussi fou, mais il faut songer que nous sommes au Seïstan et qu’une musique, même funambulesque, est par ici un très grand luxe.

Le lendemain, qui se passe en causeries et en promenades à travers les rues du village, ie vent recommence à souffler en tempête et nous craignons fort qu’il ne faille abandonner le projet d’excursion vers la montagne sainte.

Par bonheur les dieux nous furent propices ; ce fut par un ciel très pur, par une brise si légère qu’on la sentait à peine que nous mîmes le cap sur le Koh-i-Kouadja le 21 décembre. Et bientôt, éveillant notre surprise et notre admiration, apparut devant nous la colossale table de basalte qui, à cette époque, émergeait comme une île au milieu des flots saumâtres du Naizar. Grâce au calme des eaux nous pûmes en faire le tour et poser un instant le pied sur cette terre énigmatique peuplée des plus curieuses légendes.

25 décembre. — C’est le tour du consulat britannique d’arborer le grand pavois. Aujourd’hui, jour de Noël, le capitaine Daukes reçoit officiellement toutes les autorités du pays et nous revoyons le défilé que nous avions admiré chez les Russes, il y a quelques

(203)