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COUCHER DE SOLEIL

par l’un des chameaux de bât et marchera désormais au pas, derrière la caravane des bagages.

Comme chaque soir, je m’installe sur un de nos tapis devant le bungalow et j’admire le coucher du soleil. C’est l’heure calme et reposante pendant laquelle j’oublie tout — les fatigues de la route, le mauvais vouloir des chameliers, les préoccupations diverses — pour m’absorber dans le charme des choses. Aujourd’hui le spectacle est particulièrement beau : le soleil disparaît au milieu d’un ciel jaune foncé, derrière le cratère du Koh-i-Tuftan ; à droite la masse imposante du Koh-i-Sultan est comme enveloppée de longues brumes couleur de sang. Seul au loin, vers l’ouest, un petit nuage rose irisé, grand comme rien, se colore des tons les plus doux, tranchant sur un ciel qui, du jaune de soufre, passe à l’orange, puis au vert.

22 novembre. — Nous cheminons à travers un immense plateau de couleur noirâtre, parsemé non plus de petits cailloux pointus mais de scories, de pierres ponces et de débris de lave. Pas un buisson, pas le plus petit arbuste dans cette plaine nue où le soleil nous rôtit comme à plaisir, et quand vient la halte de midi, nous n’avons, pour nous abriter de ses rayons brûlants, qu’un petit mur en pierres que Sher Jan élève en hâte. À quatre heures nous sommes devant le bungalow de Nok Kundi[1] ; vite on prépare l’appareil à distiller, car ici l’eau est encore plus mauvaise qu’à

  1. Altitude : 620 mètres. Nok Kundi est le point le plus bas de notre itinéraire à travers le Béloutchistan.
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