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ISKANDAR SE REND À LA MECQUE

husband considérait comme obligatoire. Le prince m’accueillit du reste avec une extrême bienveillance et me parla longuement de ses manufactures de soie, dont il se montre très fier à juste titre et que j’étais allé visiter la veille. Il eut un mot aimable pour la France et, sur des souhaits d’heureux voyage, me rendit ma liberté… Au physique, c’est un homme petit, au teint bilieux que fait encore mieux ressortir l’énorme turban blanc dont il coiffe son auguste chef ; au moral, un souverain autoritaire, mais d’esprit très ouvert, qui, sous l’impulsion discrète des autorités britanniques, s’efforce de développer les richesses industrielles et commerciales de son royaume.

Hélas ! tout a une fin, même le rêve. Il fallait songer, après six jours d’une hospitalité si franche et si cordiale, à chausser de nouveau le brodequin de l’alpiniste, à rentrer dans les malles le linge fin et les souliers vernis.

Le 17 octobre nous arrivions à Rawal-Pindi et pour la première fois depuis bien longtemps nous entendions le sifflet et le halètement des locomotives. Là, je dus, bien à regret, me séparer de notre fidèle Iskandar qui me demanda l’autorisation de se joindre à un groupe de pèlerins allant à La Mecque par Bombay. Sentant combien seraient inutiles mes exhortations pour l’engager à renoncer à son pieux voyage, je n’osai lui refuser une liberté qu’il avait, certes, bien gagnée. La vie en commun durant les heures difficiles, la lutte journalière contre les obstacles que dresse une nature sauvage devant la volonté de l’explorateur,

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