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AUTOUR DE L’AFGHANISTAN

10 septembre. — Il a été décidé que nous séjournerions à Panamik aujourd’hui afin de permettre à nos hommes et à nos chevaux de se refaire.

Je laisse Iskandar et Zabieha retourner seuls à la source et je visite le village, un appareil photographique à la main ; il y a en effet par ici de nombreux monuments funéraires en forme de tiare, appelés tchortens, qui sont ornés de bas-reliefs dont il peut être intéressant de garder l’image.

Au sommet du cône de déjection sur lequel est bâti le village, parmi les églantiers et les roches, je découvre une sorte de divinité bizarre. Un cube de maçonnerie forme piédestal ; sur la face centrale une figure grossièrement sculptée, avec ses larges oreilles et sa face épanouie, rappelle à s’y méprendre l’image faunesque d’un Silène ; les quatre angles et la figure sont recouverts d’une bande verticale de peinture rouge ; sur le piédestal, un gros fagot de branches de tamaris entouré de bandes de toile sur lesquelles sont écrites des prières, et plantés au-dessus du fagot, plusieurs bâtons agrémentés de petits drapeaux flottants.

Tout près de là, je trouve sur ma route un gros bloc de rocher portant gravée en lettres énormes la prière des Tibétains : « Om mani padmé houm »…

Le lendemain nous quittons les frais ombrages de Panamik et nous descendons la rive gauche de la Noubra, sous la conduite du vieillard à la lorgnette. Au pied de la haute falaise que nous longeons, les cônes de déjection se succèdent, les uns absolument

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