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AUTOUR DE L’AFGHANISTAN

descend, puis regrimpe pour redescendre encore au milieu d’à-pics vertigineux, et nous amène sur les bords de la Noubra.

En face de nous, une verte oasis accrochée aux flancs de la montagne : c’est Arena dont les pyramides funéraires se détachent en blanc sur la masse sombre des arbres. Par ici, c’est toujours le désert avec ses galets et sa haute muraille granitique et il nous faut marcher longtemps encore pour arriver au milieu des vergers et des prairies. Nous sommes alors dans le village tibétain de Spango, où un ménage de bons vieillards nous offre l’hospitalité et nous accueille en tirant la langue, ce qui est ici la formule du bonjour.

Je pénètre pour la première fois dans une maison tibétaine ; tout y est donc, pour moi, nouveau et instructif. Au rez-de-chaussée : les écuries ; au premier étage : les chambres, la cuisine et le cellier. Devant l’entrée, une longue perche porte à son extrémité une bande étroite de toile blanche sur laquelle sont écrites des prières et qui flotte au gré des vents comme la flamme d’un navire de guerre… Et dès ce petit village de Spango on se sent dans un pays différent, particulier, que le respect des mœurs patriarcales a éloigné de tout progrès inutile et qui a conservé sa race, ses coutumes et sa religion naïve.

Nous sommes salués le lendemain au départ par quelques pauvres musiciens déguenillés qui tentent sur le fifre et le tambourin de nous initier à l’harmonie tibétaine : le groupe est certamement pittoresque, mais

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