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MELÆNIS

» Il faut jusqu’à la fin respecter sa nature ;
» Celui-là sait mourir qui, pour sa sépulture,
» Se fait un beau linceul de pourpre avec son sang ! »

Il avait dans la voix une telle puissance,
Que Paulus, malgré lui, se voyait terrassé.
Il reprit : « Avant toi, jeune homme, j’ai passé
» Par les jours inquiets où tombe l’espérance !
» J’ai pour cercueil alors choisi le Cirque immense,
» Où j’entrai, comme un mort, impassible et glacé.

» J’étais libre, et je pris le métier des esclaves !
» J’ai vu le peuple entier bruire autour de moi,
» Et la fête chanter, sur mon front calme et froid,
» Comme un pâtre joyeux sur l’Etna gros de laves !
» Et puis plus fièrement j’agitai ces entraves
» Qu’on ne changerait pas pour un sceptre de roi !