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MELÆNIS


» On m’appelle Mirax. — Et moi, Paulus. — Je gage
» Pour un homme lettré. — Tu l’as dit. — Moi, demain,
» Je vais me rendre au Cirque. — Et moi, j’ai l’avantage
» D’aller un peu plus loin ; mais, pour ce long voyage,
» J’ai la corde ou le Tibre, et je suis incertain !… »
L’homme au glaive de bois mit son front dans sa main

Et parut réfléchir, puis relevant la face :
« J’ai peu d’amour, dit-il, pour le meilleur des deux ;
» Je n’aime pas mourir en faisant la grimace,
» Les pendus sont trop noirs, les noyés sont trop bleus ;
» Il faut savoir tomber, mais tomber avec grâce,
» Et rejeter la vie en regardant les dieux.

» Il faut donner à l’âme une large ouverture,
» Qu’elle parte d’un bond, comme un aigle puissant !
» Jeune homme, dit Mirax superbe et frémissant,