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MELÆNIS


L’heure était favorable et le lieu solitaire ;
Sous un figuier sauvage il s’étendit par terre,
Haletant et brisé. Dans les rameaux fleuris
Les oiseaux s’appelaient avec de petits cris ;
Ébloui de rayons, il ferma sa paupière,
Et la paix, par degrés, revint à ses esprits.

Alors il vit passer, en confuses images,
La lune et le jardin, l’édile et sa fureur,
Marcia dans ses bras tremblante et sans couleur ;
Les valets effrayés courant sous les feuillages,
Sa fuite à travers champs ; puis, pesant son malheur,
Il comprit que le ciel était chargé d’orages ;

Qu’un édile est puissant quand il veut se venger ;
Qu’il a les bras très longs ; qu’avec des hyperboles
On ne se tirait point d’un semblable danger ;