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MELÆNIS

Melænis à l’écart se tenait en silence ;
Chacun, sans qu’on la nomme, eût reconnu, je pense,
Celle qu’un soir Paulus trouva sur son chemin ;

La fille qui logeait aux bouges de Suburre,
Et, par les nuits d’été, chantait aux carrefours ;
Pâle, elle frémissait, puis levant ses yeux lourds
Au ciel : « Je laverai cette mortelle injure !
» Paulus, tu peux aller, souriant et parjure,
» Je te suivrai partout, je t’atteindrai toujours !

» Je te suivrai si près, qu’en marchant, mon haleine
» Ira dans tes cheveux, de parfums ruisselants,
» Toujours derrière toi, par la ville ou la plaine,
» Mon pas retentira ; mes yeux étincelants
» Te verront dans la nuit, ô Paulus ; et ma haine
» Étreindra ta jeunesse, en ses réseaux brûlants !