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MELÆNIS


Comme il vide avec art la coupe ciselée !
Comme il s’étale bien sur la pourpre des lits !
Il a, pour le banquet, mis la robe aux longs plis,
Du cothurne montant sa jambe est dépouillée,
Et la feuille du myrte en guirlande roulée
Tremble dans ses cheveux que l’ivoire a polis.

À leurs chaînons d’argent les lampes suspendues
Semblent verser la vie au marbre des statues ;
Du safran syrien flotte la vague odeur,
Et dans des roseaux creux soufflant avec ardeur,
Deux mimes africains, aux danses inconnues,
Frappent de leur pied noir les pavés de couleur.

Les lambris de la salle, en des peintures vives,
Étalent aux regards, sous le pampre joyeux,
Des satyres velus, des nymphes fugitives,