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MELÆNIS

Il faut au cuisinier les pénibles labeurs,
La science profonde, et que, dès son jeune âge,
Il ait, comme un savant, pâli sur les auteurs.

Pour régler des festins la belle symétrie,
Il lui faut le calcul et la géométrie ;
La sculpture, qui taille en dômes merveilleux
La neige étincelante et les gâteaux mielleux,
L’histoire, qui du goût donne la théorie,
L’étude des saisons, des hommes et des lieux ;

Il sait, il sait quels flots vont roulant sur la plage
Le crabe aux doigts crochus et le blanc coquillage,
Quel vent jusqu’à nos mers pousse les esturgeons,
D’où partent les faisans, les grives, les plongeons,
Et quand la mûre est bonne, et pourquoi l’homme sage,
Dans les prés seulement, cueille les champignons.