Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/209

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
199
MELÆNIS

» De mon sang ? de ma vie ? Ô misère ! misère !
» Un autre sur son sein l’étreindra quelque jour ;
» un autre quelque jour ne sera pas son frère !…

» — Paulus ! dit une voix, quelqu’un te reste encore !… »
Le jeune homme effaré fit un pas en arrière :
« Oh ! je le sais trop bien !… dit-il avec effort,
» C’est mon mauvais génie envoyé sur la terre !
» Parle ! que te faut-il à cette heure dernière ?
» Je suis tombé si bas, que je me ris du sort !…

» — Paulus, dit Melænis, je t’aime avec démence !
» Je t’aime avec fureur ! Ma haine et ma vengeance,
» Tu n’as donc pas compris que c’était de l’amour ?
» Hélas ! courbant le front sous mon fardeau trop lourd,
» J’ai baisé tes pieds nus, et tu fus sans clémence !
» J’ai frappé ta poitrine, et ton cœur était sourd !…