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MELÆNIS

Entre les rangs pressés, sans retourner la tête,
Elle allait à pas lents et tachait de son deuil
L’or et la pourpre en feu sur les robes de fête :

« Éteignez ces flambeaux ! Cessez vos chants joyeux !
» Avant d’unir ici l’inceste à l’adultère,
» Souvenez-vous des morts, et respectez les dieux ! »
Sa voix sur tous les fronts roulait comme un tonnerre :
« Arrêtez ! » et du bras les séparant tous deux :
« Paulus, voici ta sœur ! Marcia, c’est ton frère !

» — Son frère !… dit la foule, étrange événement !
» Qui l’eût cru ? qui l’eût dit ? est-ce un fourbe ? est-ce un traître ?
» — C’est faux ! hurla Paulus, cette danseuse ment !
» J’arracherai son masque et la ferai connaître !… »
Melænis, de la main, l’écarta gravement :
« Ici, chez Marcius, je n’écoute qu’un maître !