Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
187
MELÆNIS

« Je me marie aussi, je viens faire mon choix ;
» Celle-ci me plairait, mais elle est un peu pâle ;
» Cette autre serait mieux plus haute de deux doigts ! »

Et Coracoïdès, comme un patron sans gêne,
Devant chaque suivante agitait son flambeau ;
Puis, saisissant le bras d’une esclave africaine :
« Par Castor ! cria-t-il, c’est le meilleur morceau !
» Je préfère aux seins blancs les poitrines d’ébène,
» C’est le cœur, après tout, qui leur monte à la peau !

» J’aime ces yeux d’argent, ce nez dont les deux ailes
» S’étalent, cette bouche, aux bords gonflés et ronds,
» Qui semble avoir mangé des mûres. Nous verrons
» Des contrastes charmants et des choses nouvelles ;
» Ensemble, ce sera superbe : nous ferons
» Des enfants blancs et noirs, comme les hirondelles. »