Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
169
MELÆNIS

— Selon les bruits du feu, variant ses postures —
Elle trace des ronds et d’étranges figures,
Avec un bâton blanc, fait en bois d’olivier.

Melænis à côté, regardait la fumée
Sortir en longs filets du philtre bouillonnant ;
Quand soudain Staphyla, pâle et l’œil rayonnant,
Se leva d’un seul bond, la main d’un fouet armée,
Et tira de sa boîte, à deux crochets fermée,
La toupie au flanc creux, qui bruit en tournant :

« Va ! dit-elle, agitant les sifflantes lanières,
» Dans ton cercle sonore enferme son destin,
» Tourne, tourne toujours !… sur le mont Esquilin,
» La lune aux pieds d’argent, glisse dans les bruyères,
» Et les morts, inquiets sur leurs couches de pierres,
» Se dressent, écoutant ton murmure lointain !