Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
MELÆNIS

Et, gémissant de peine, avec sa main débile,
Elle vida dedans une amphore d’argile
Dont le flot, sous la lampe, étincelait aux yeux !

Ensuite elle plongea dans la cuve profonde
Un miroir argenté, qui rayonna sous l’onde ;
Puis, courant par la salle, elle mit près du bord
Des flambeaux résineux, couverts de poudre encor,
Et l’on eût vu, tandis qu’ils brûlaient à la ronde,
Sur la nappe d’azur trembler des cercles d’or !…

Le reste de la chambre était perdu dans l’ombre,
Quelques tisons fumeux craquaient dans le foyer,
Et le glapissement du renard familier
Troublait seul, par instants, la solitude sombre…
La vieille marmottait des paroles sans nombre,
Et courbée à demi sur des lames d’acier,