Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
3
MELÆNIS

Luire le frein d’argent que mordent les lions ;
Mais garder sa pudeur est chose difficile,
Quand on la fait asseoir parmi les histrions.

Caton n’avait pas tort : je sais plus d’une femme
Qui de l’hymen, au cirque, égara le lien ;
Là, j’ai vu s’allumer de longs regards de flamme,
Là, plus d’un pied charmant vint effleurer le mien ;
Tous ces jeux, en un mot, sont un usage infâme,
Si j’étais empereur, je n’y changerais rien !…

Donc il était bâtard, à quoi bon vous le taire ?
Sans famille, et pourtant, vivait aux rois pareil ;
Qu’importe le berceau, quand l’olympe est vermeil,
Et que d’un pied hardi l’on peut frapper la terre ?
Le fleuve ne sait pas quelle source est sa mère,
L’aigle a perdu son nid quand il monte au soleil !