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MELÆNIS


» L’escrime est, après tout, la sœur de l’éloquence ;
» Qu’on manie une phrase ou qu’on tourne un poignard
» C’est de la rhétorique, ô maître, et c’est de l’art ;
» Épée ou preuve en main, on recule, on avance ;
» Parer ou réfuter, quelle est la différence ?
» Je plais par mon aigrette et touche par mon dard !

» Seulement, reprit-il, l’arène est élargie,
» Et le cœur bondit mieux sous le baudrier d’or !…
» — Mais la gloire, ô mon fils ! — La gloire que j’envie,
» C’est le vin ! c’est l’amour ! et la joyeuse vie !
» L’autre n’est qu’un son creux sur le tombeau d’un mort !
» — Eheu ! » dit le vieillard en soupirant plus fort.

De sa main vénérable il se voila la face,
Et leva lentement son bras droit vers les cieux ;
Longtemps il demeura calme et silencieux