Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
97
MELÆNIS

Les drogues, les onguents, s’étalaient avec gloire
Sur une grande table en marbre précieux
Que portait à son dos un léopard d’ivoire.

Des tableaux s’accrochaient aux murs étincelants :
Vénus aux bras de Mars, et Vulcain dans son âtre,
Hélène avec Pâris, puis un groupe folâtre
De cygnes irrités et de jeunes enfants,
Puis, dans un médaillon, Antoine et Cléopâtre
Sur un char de triomphe attelé d’éléphants.

— Cléopâtre ! encor toi ! voluptueux génie,
Type éternel de grâce et de virilité !
Non, non, tu n’aimais pas ; c’est une calomnie
Que jettera sur toi la médiocrité.
Sous le bois odorant qui couvre ta momie,
Ton cœur n’est pas plus froid qu’au temps de ta beauté !