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MELÆNIS


Des valets escortant leur jeune souveraine
Marchaient au pas, couverts du capuchon de laine ;
Elle semblait rêver, et sur son front charmant,
Son bras gauche arrondi remontait doucement,
Tandis que l’autre main de roses toute pleine,
Comme des papillons les effeuillait au vent !

Un murmure flatteur courait sur son passage,
La foule s’écartait, en la suivant des yeux ;
Ainsi la mer s’abaisse et les flots amoureux
Frémissent, quand de loin, sur un blanc coquillage,
Le front ceint de corail et de mousse sauvage,
Thétis vogue en silence entre l’onde et les cieux !

Paulus le cœur en feu jeta sur la litière
Un de ces longs regards où l’âme tout entière
S’échappe !… Seul, perdu parmi les assistants,