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aurait fallu défendre des causes qui ne sont pas éternelles.

Fuyant les paradoxes, les nosographies, les curiosités, tous les petits chemins, il prenait la grande route, c’est-à-dire les sentiments généraux, les côtés immuables de l’âme humaine, et, comme « les idées forment le fond du style », il tâchait de bien penser, afin de bien écrire.

Jamais il n’a dit :

Le mélodrame est bon, si Margot a pleuré,

lui qui a fait des drames où l’on a pleuré, ne croyant pas que l’émotion pût remplacer l’artifice.

Il détestait cette maxime nouvelle qu’ « il faut écrire comme on parle ». En effet, le soin donné à un ouvrage, les longues recherches, le temps, les peines, ce qui était autrefois une recommandation est devenu un ridicule, — tant on est supérieur à tout cela, tant on regorge de génie et de facilité !

Il n’en manquait pas, cependant : ses acteurs l’ont vu faire au milieu d’eux des retouches considérables. L’inspiration, disait-il, doit être amenée et non subie.

La plastique étant la qualité première de l’Art, il donnait à ses conceptions le plus de relief possible, suivant le même Buffon qui conseille d’exprimer chaque idée par une image. Mais les bourgeois trouvent, dans leur spiritualisme, que la couleur est une chose trop