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juger. S’il fait autrement, il marche dans une voie fausse. »

Gœthe.

« Toutes les beautés intellectuelles qui s’y trouvent (dans un beau style), tous les rapports dont il est composé, sont autant de vérités aussi utiles, et peut-être plus précieuses pour l’esprit public que celles qui peuvent faire le fond du sujet. »

Buffon.

Ainsi l’Art, ayant sa propre raison en lui-même, ne doit pas être considéré comme un moyen. Malgré tout le génie que l’on mettra dans le développement de telle fable prise pour exemple, une autre fable pourra servir de preuve contraire ; car les dénoûments ne sont point des conclusions ; d’un cas particulier il ne faut rien induire de général ; — et les gens qui se croient par là progressifs vont à l’encontre de la science moderne, laquelle exige qu’on amasse beaucoup de faits avant d’établir une loi. Aussi Bouilhet se gardait-il de l’art prêcheur qui veut enseigner, corriger, moraliser. Il estimait encore moins l’art joujou qui cherche à distraire comme les cartes, ou à émouvoir comme la cour d’assises ; et il n’a point fait de l’art démocratique, convaincu que la forme pour être accessible à tous doit descendre très bas, et qu’aux époques civilisées on devient niais lorsqu’on essaye d’être naïf. Quant à l’art officiel, il en a repoussé les avantages, parce qu’il