Page:Bouilhet - Dernières chansons.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ton Apollon sans doute, en sa prudente course
Pour monter au Parnasse a passé par la Bourse ?
Dans ce ciel politique, où souvent on peut voir
Le soleil du matin s’éteindre avant le soir,
La lunette en arrêt, promènes-tu ton rêve
De Guizot qui pâlit à Thiers qui se lève,
Et, sur le temps mobile aujourd’hui règles-tu
Ta foi barométrique et ta souple vertu ?
.....................
Arrière l’homme grec dont les strophes serviles
Ont encensé Xerxès le soir des Thermopyles !

et la suite, du même ton, rudoyait fort le ministère.

Il avait envoyé cette pièce à la Réforme, dans l’illusion qu’elle serait insérée. On lui répondit par un refus catégorique, le journal jugeant inopportun de s’exposer à un procès — pour de la littérature.

Ce fut dans ce temps-là, vers la fin de 1845, à la mort de mon père, que Bouilhet quitta définitivement la médecine. Il continua son métier de répétiteur, puis, s’associant à un camarade, se mit à faire des bacheliers. 1848 ébranla sa foi républicaine ; et il devint un littérateur absolu, curieux seulement de métaphores, de comparaisons, d’images, et, pour tout le reste, assez froid.

Sa connaissance profonde du latin (il écrivait dans cette langue presque aussi facilement qu’en français) lui inspira quelques-unes des pièces romaines qui sont