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« Oh ! Les cieux en pluie épandus
Sur l’ébullition des sèves !
Oh ! Les ravissements perdus
Dans la profondeur de mes rêves !

« Et comme au bord des claires eaux
Frissonnait mon écorce grise,
Sous le pied leste des oiseaux
Ou les caresses de la brise !

« L’hiver venait, chassant l’été ;
Tout s’abritait au toit des villes ;
Seul, je gardais la majesté
Des existences immobiles !

« Et, dressant mon squelette noir
Sur la nudité des champs mornes,
Silencieux dans mon espoir
Des rajeunissements sans bornes,

« J’attendais ces temps plus heureux
Où, sur mes branches découvertes,
Le chant des merles amoureux
Ferait pousser des feuilles vertes !