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« Éveille-toi ! je suis la reine,
« La reine aux immenses éclats !
« Je marche hère et souveraine,
« Portant le monde dans mes bras.

« Les destins ont mis mon empire
« Partout où sonne l’Océan ;
« L’azur des flots est mon sourire,
« Et ma colère est l’ouragan.

« Loin des climats où sont les hommes,
« Pour le nautonnier libre et fort,
« J’ai des villes et des royaumes
« Dont on voit luire les toits d’or.

« Je garde mes îles fécondes
« À qui franchit les vastes flots ;
« Car j’aime à bercer, sur mes ondes,
« Le navire et les matelots.

« Et ceux qu’entraînent les naufrages,
« Je les emporte dans mes bras,
« Jusqu’au pays des coquillages
« Que le monde ne connaît pas.

« On les a crus morts, dans leurs villes ;
« Ils ont des palais de cristal.
« Ensemble, sous les flots tranquilles,
« Ils causent du pays natal.