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La blanche lueur qui pénètre
Tremblait aux rideaux suspendus ;
Une voix chante à ma fenêtre,
Une voix aux sons inconnus.

Jusqu’à moi, dans l’ombre, elle arrive
Frémissante et pure à la fois,
Comme la vague sur la rive,
Comme la brise dans les bois :

« Éveille-toi ! fils de la terre,
« Je suis la nymphe aux verts réseaux,
« J’habite l’antre solitaire
« Où bruissent les grandes eaux.

« J’attache ma tunique bleue
« Avec des perles de corail ;
« Deux poissons à la large queue
« Font voler ma conque d’émail.

« Pour orner ma gorge d’ivoire
« Et mes longs cheveux ruisselants,
« J’ai des couronnes d’algue noire
« Et des colliers de galets blancs.

« Ma trompe est pleine de murmures
« Qui du ciel charment les palais,
« Et je prends, quand les nuits sont pures,
« Les étoiles dans mes filets.