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Et dans ta haute phrase où la colère bout,
Tout est vivant, tout marche, et se dresse debout.
Oh ! que j’aime à te voir, quand, le poing sur la hanche,
De Ronsard bafoué, seul, tu prends la revanche,
Et de ton vers penseur flagelles sur le dos
Le Malherbe qui pèse et qui gratte des mots.
Cependant que déjà, maître, ta main hardie
Aux Molières futurs taille la comédie,
Et, des voiles bénins dégageant ton tableau,
Prépare des rougeurs au pudique Boileau.

Certes, l’art des savants et de la pédantaille,
Comme un manteau trop court, n’allait pas à ta taille,
Car ton libre génie, avec ses pieds d’airain,
Quand il entre en un vers, y marche en souverain,
Et parfois, sans façon, dans ta franche satire,
S’entr’ouvre l’hiatus, comme un éclat de rire !


Le Secret


 

Parfois la terre, ouvrant son sein qui gronde,
Heurte les monts l’un sur l’autre croulants,
Elle s’agite et veut jeter au monde
Le noir secret enfermé dans ses flancs ;