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À Mathurin Régnier


 

Vieux Mathurin, poète aux âpres mélodies,
J’aime de ton bon vers les allures hardies,
Quand il va débraillé, sans grègues, sans chapeau,
Ainsi qu’un franc luron, au sortir du bordeau.
Tu savais, ô Régnier, que l’ardente satire
A besoin de piment pour allumer son ire.
Ton robuste Apollon ne connut pas cet art
De jeter sur les mots des masques et du fard.
Il aimait, aux lueurs d’une fauve lanterne,
S’accouder, à son aise, au banc de la taverne,
Et, la bouteille en main, dire leur fait aux gens,
Sans crainte des rhéteurs, des sots, ni des sergents.
Comme une artère chaude et de sang inondée,
À chacun de tes vers on sent battre l’idée,