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À un enfant.


Enfant aux cheveux blonds que le rire accompagne,
Ne vas pas, ne vas pas jouer sur la montagne,
Et ne quitte jamais le seuil de ta maison,
Pour suivre les troupeaux à la molle toison.
Reste, petit enfant, reste auprès de ta mère,
Car ce serait pour elle une douleur amère,
Et les nymphes, tes sœurs, gémiraient bien longtemps,
Si, voyant tes yeux bleus et tes cheveux flottants,
L’aigle, de Jupiter le messager fidèle,
Sur ton front qui s’étonne abattait sa grande aile,
Et, malgré ton effroi, t’emportait jusqu’aux cieux,
Pour verser le nectar dans la coupe des dieux !